14. Erin

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Je préfère les rires aux cris, pourtant dans mes souvenirs, il n'y a plus que ça. Des cris.

Juin 2023,

Je tombe des nues devant la confession d'Isaac dans laquelle est partiellement intervenu Dixon. Les larmes ont séché, mon palpitant s'est arrêté et, alors qu'ils m'observent avec un fond d'inquiétude craignant ma réaction, je reste figée, vivant la scène encore et encore. Chaque détail me revient les uns après les autres. Chaque souvenir s'imbrique et craquelle ce qui se cache sous ma cage de chair. Ce truc qui bat mal ou peut-être qui ne sait plus comment fonctionner du tout. J'ai conscience qu'aucun d'entre eux n'a menti, ils ont juste tous voulu me préserver de cette mémoire déjà trop douloureuse à porter. Je perçois chaque écho de chacune des balles qui ont perforé le corps de mon frère faisant bouclier. Je retrouve dans les iris d'Isaac, l'homme qui a hésité, le doigt sur la gâchette avant de tenir sa promesse. J'entends la culpabilité frapper contre mes tempes, prenant réellement conscience que la mort de mon frère résulte de mon impulsivité. Archers est coupable, mais je suis tout autant condamnable. Cependant, une question ne cesse de tourner en boucle. Pourquoi ? Pourquoi mon frère a-t-il pactisé avec Isaac ? Quelle culpabilité et quel souvenir étaient si forts qu'ils ont forcé Isaac à se plier à la loyauté passagère envers mon frère et à se retourner contre sa propre organisation ? Ce tiraillement dont parle Jonas dans sa lettre, quel est-il ?

—    Est-ce qu'ils savent ? m'enquiers-je, est-ce qu'Adam et Jesse savent.

Dixon et Isaac s'adressent une œillade furtive avant qu'ils secouent simultanément la tête par la négative.

—    C'est mon père qui a demandé que vous gardiez le silence ?

—    Non, c'est moi, admet Dixon. Je ne lui fais pas confiance et tu doutes toi aussi d'Isaac depuis ta première rencontre avec lui. Informer Jesse et Adam aurait mis à mal son intégration. Que je le veuille ou non, le Big Boss le veut avec nous, à défaut de s'entendre avec nous, il fallait qu'au moins eux, l'intègre.

—    Il est d'Archers, Dixon ! On n'intègre pas l'ennemi !

—    J'ai sauvé ton cul, pouvons-nous vraiment me considérer comme l'ennemi ? intervient Ducon, un brin sarcastique.

—    Pour mieux me tuer, n'est-ce pas ? sifflé-je entre mes dents serrées.

Dixon fronce les sourcils, Isaac reste imperturbable. Je me tourne vers le meilleur ami de mon frère et lui demande silencieusement de me laisser en tête avec Ducon. Il refuse, j'insiste. Un duel de regard se crée durant de longues minutes avant qu'il cède. Dans une menace muette, il prévient Isaac que le moindre geste mal placé lui coûtera la vie. Dixon tourne les talons.

—    Quel est ton vrai nom de famille ?

—    Peters.

—    Mensonge. Est-ce que Nikita a fait en sorte que tu infiltres l'Agency ?

—    Non.

—    Mensonge. Pourquoi as-tu tué James ?

—    Il avait volé mon goûter, ironise-t-il, un rictus narquois aux lèvres.

Son cœur s'est emballé une fraction de seconde et sa mâchoire a tressauté. C'était fugace mais visible. Il se cache derrière le sarcasme quand une situation le touche d'un peu trop près. Une première faille. Je trouverais les autres.

—    Mensonge, encore... sais-tu ce qui est arrivé à mon frère pendant sa détention ?

—    Non.

The Perfect Prototype 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant