Chapitre 15

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🎶: Lewis Capaldi sur Hold me while you wait

Si je savais qu'accoucher allait être la chose la plus douloureuse au monde, j'aurai avorté avec ou sans la permission d'Ivan. Ça fait 4 heures que je souffre et aucune évolution, le bébé n'est pas prêt à descendre.

— J'ai trop mal ...
— Essaie de respirer.

Ivan me tient les hanches. J'étouffe. On me tend un masque à oxygène. J'ai l'impression que je vais mourir. Le bébé pousse contre mon bas ventre. Je hurle de douleur.

— Il est là. Poussez de toutes vos forces madame. Encore, encore, encore ! Stop, respirer.

Je fais tous ce qu'elle me dit même si je souffre. Ivan me tient la main. Il m'encourage à pousser. Je me fige quand j'entends les cris du bébé. J'ai mis au monde un bébé, celui qui me détestera sans doute. Je tombe dans les pommes sous le choc.

*

J'entends des voix, j'ouvre à moitié les yeux.

— Il est tellement beau ce bébé. Il a des cheveux roux comme sa maman. Oui il est beau, n'est-ce pas mon petit-fils adoré ? Oh je craque pour tes joues.

J'ouvre complètement les yeux, je gémis légèrement.

— Comment il s'appelle ?

Lance Angelina à son frère. Ils ne semblent pas me remarquer. Ils sont tous submergée par le bébé. Même Anna.

— Dimitri Antonovitch.

C'est Ivan qui me remarque en premier, il me sourit.

— Félicitations Erin, il est magnifique. Tu veux le voir ?

Je hoche la tête. Il me tend mon petit garçon. Il est si petit, si fragile. J'en suis émerveillée et remplie d'amour soudain. Il a des taches de rousseurs sur le visage. Il est mon portrait craché. Il est si innocent et pur, moi je n'en suis pas une. Je suis une pute. Je ne veux pas qu'il ait honte quand il me présentera à ses copains parce qu'un jour ou l'autre quelqu'un lui dira mon passé. Je ne pourrai pas le supporter. Je suis encore remplie de douleur, de colère. Mon menton se met à trembler, je l'embrasse en pleurant, je ne le mérite pas.

— Prenez le.

Victoria me regarde avec des yeux tristes. Je sanglote quand mon garçon se met à pleurer. J'ai mal au cœur mais je dois m'éloigner de lui.

— Sortez, je veux être seule.

— Erin...

Ivan essaie de me toucher mais je le repousse.

— Sortez !

Je suis brisée, je serai une mauvaise mère. Je ne veux pas, je ne peux. Je me sens encore sale. Mon âme est sale. Je hurle de douleur.

*

Je suis couchée dans ma chambre. Ivan essaie de faire dormir Dimitri dans sa chambre. Moi je regarde le vide. Je croyais qu'après quelques semaines, j'aurai récupéré mais je me suis trompée. Le vide est toujours en moi, cette douleur est encore là. J'ai envie de m'enfuir ou de disparaître. Je m'assoie sur le lit en essuyant mes larmes. J'ouvre mon tiroir, j'en sors une feuille et un stylo. Ma main tremble, des larmes coulent sur la feuille. Je les efface et je me mets à écrire.

Ivan,

Je n'arrive pas à écrire ses mots tellement j'en ai mal mais je dois le faire. Je me déteste si tu savais. J'ai honte de moi, quel genre de personne je suis ? Qu'est-ce que j'ai fait à ce monde pour mériter d'être violée deux fois ? Cette plaie n'a jamais cicatrisé tu sais, je l'ai juste mise de côté pour continuer ma vie. Je me disais que si je vendais mon corps personne abuserait de moi et c'est ce que j'ai fait mais là encore je me fais de nouveau violée. Suis-je maudite ?

Quand je t'ai rencontré, j'ai aimé ta personne au premier regard, je n'ai pas voulu te laisser filer, tout mon passé n'était que mauvais souvenir dans ton regard. Je suis tombée amoureuse de toi quand tu m'as soutenu dans ce moment difficile. J'aurai tellement aimé que tu le sois aussi parce que je t'aime. Je jalouse Dimitri parce qu'il a la chance d'être aimé par toi, je voulais tant que tu me regardes de la même manière que tu le regardes.

Qui je suis pour toi Ivan ?

Rien du tout. Je suis juste la pute qui a porté ton enfant. J'ai besoin d'être vu comme une femme, comme ta femme et non comme cette ex-femme qui vendait son corps. C'est vrai c'est mon passé, je le regrette amèrement mais sans ça on ne se serait peut-être jamais connu. J'en ai marre de voir de la pitié dans tes yeux, je veux voir de l'amour. J'ai besoin qu'on m'aime. J'ai besoin que tu me regardes moi, Erin Byrne, ta Petite Rousse. Je n'ai pas trouvé le courage de te dire que je t'aime car je connais déjà ta réponse. N'est-ce pas ? Je ne veux plus souffrir. Dormir près de toi sans te toucher, ni même que tu me touches, me fait mal, énormément. Un jour peut-être que tu m'aimeras mais pas dans ce monde-là. Je ne veux pas que notre garçon ait honte de moi plus tard, je ne veux pas non plus qu'il subisse des moqueries de ses amis à mon propos et toi je ne veux pas que tu te sentes obliger de me garder près de toi à cause de lui. Ton père a été assez clair, il ne veut pas de prostituée dans sa famille et toi tu as approuvé ses dires ce jour-là sans rien dire.

C'est avec douceur que tu as conquérir mon cœur. Tu es un homme merveilleux, je l'ai su au fil des jours que je passais à tes côtés. Prends soin de notre enfant, parles lui de moi mais ne lui raconte pas qui j'étais. J'espère que tu ne m'oublieras pas. Moi je ne t'oublierai jamais. J'espère que la femme que tu épouseras sera à la hauteur de tes attentes, qu'elle prenne soin de notre enfant parce que moi je ne serai pas là. Je ne serai pas là quand il s'assoira, quand il poussera sa première dent, quand il dira ses premiers mots, quand il marchera.

Tu vas croire que je fais un mauvais choix mais je vous protège parce que je vous aime tellement. Je ne supporterai pas de vous voir souffrir par ma faute. Je m'en vais le cœur lourd. Je veux que tu lises ses mots avec amour, ne me déteste pas, ne m'en veux pas. Je n'arrive plus à me regarder dans le miroir Ivan, c'est si difficile. Je n'arrive pas à oublier, je fais des cauchemars toutes les nuits. Je ne pourrai pas vivre en paix sachant que Ryan est encore en liberté. Je suis brisée. Faible. Je suis fatiguée de souffrir en silence. Mon âme n'en peut plus. C'est si dur de te dire au revoir. Tu vas tellement me manquer, ton sourire, ton visage, tes baisers, tes caresses...

Je veux partir en paix et me reposer. Là où je serai, je veillerai toujours sur vous. J'irai bien bébé.

       Je t'aime mon amour.

Je relis la lettre, les mains tremblantes et les larmes aux yeux. Je la dépose. Je regarde mes pilules. Je ferme les yeux puis je les mets dans mes mains. Je prends toute la boîte, je les avales. Je me couche au sol attendant que ça fasse effet. Je me sens étouffée, j'ai la sensation que mon corps part. Je vais enfin avoir le repos éternel que j'ai tant voulu avoir. Dans ma transe, j'attends la voix d'Ivan.

— Erin...

Je tends la main vers lui en toussant. Je pleure.

— Je suis si désolée.
— Ne me quitte pas ! Qu'est-ce que tu as fait ? Non !

Je suis pris de violents tremblements. Je ne l'entends plus. Mon corps semble tombé dans un trou noir. Je ferme les yeux dans un dernier soupire...

THE REAL BITCH I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant