Chapitre 17

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Je masse mes tempes, la nuit d'hier n'a pas été différente des autres. L'alcool n'a pas pu effacer les images d'Erin de mon esprit. Je n'ai pas pu dormir malgré la fatigue. Mon téléphone sonne. C'est mon père, je décroche uniquement parce qu'il garde mon fils. Je le déteste, il n'a jamais été présent, c'est de sa faute si ma mère est morte de chagrin. C'est un connard.
Tu crois ? Tu lui ressembles tout même.
Je soupire afin de me calmer.

— Quoi ?
— Tu es tout le temps agressif envers moi. Je me suis milles fois excusé pour ce qui s'est passé, je reconnais avoir été un con dans mes propos mais je m'en veux aussi si tu savais Ivan.
— Va droit au but Andreï, pourquoi tu m'appelles.

Je l'entends soupirer.

— Nous avons un dîner ce soir pour l'entreprise et tu es convié.

De toutes les façons, j'irai. Je suis encore de ce monde uniquement pour Dimitri, je me bats pour ne pas m'enfoncer. Des heures après son appel, je me prépare pour ce soir. Je monte dans ma voiture, suivi de près par Youri. Il remue la tête quand je vide un verre de whisky. Rien à foutre de son avis. La voiture s'immobilise, je descends.

— Monsieur Antonovitch soyez le bienvenu. Vous êtes placé à cette table, bonne soirée à vous.

Je ne lui réponds pas et m'assoie. Je commande à boire déjà ennuyé. Je sais très bien que les gens veulent me voir pour des affaires mais je n'ai pas envie de parler avec quelqu'un ce soir. Je vide verre après verre. Des personnes s'asseyent au fur et à mesure à ma table. Je lève les yeux pour les observer. Une femme attire mon attention. Elle s'assoit en face de moi, elle retire ses cheveux de ses épaules. Je suis hypnotisé, je suis ses gestes à chaque seconde. Je peux la reconnaître parmi milles. Je l'observe attentivement. Je deviens fou ? Putain ! Qu'est-ce que j'ai ? Pourquoi j'ai comme l'impression de voir Erin à la place de cette femme ? Elles se ressemblent sauf que la femme que je regarde n'est pas rousse, et ses yeux sont noirs. Mon Dieu, je deviens définitivement fou. Je l'observe sans rien dire, je vide mon verre. Il faut vraiment que je fasse mon deuil. Elle me surprend en train de l'observer. Je n'arrive pas à détourner les yeux. Elle fronce les sourcils et se met à manipuler son téléphone. Une douleur intense traverse mon cœur, j'ai tenté d'oublier Erin mais ça n'a pas marché, j'ai juste besoin de la voir, de la toucher, notre histoire inachevée me laisse un goût si amer. Elle me manque. Énormément. Je passe mon verre sur mon front. Je suis dépassé par la situation, je me demande même si je vais réussir à me remettre de cette disparition soudaine. L'alcool commence enfin à faire effet. Ma mémoire est embrumée d'alcool, je ne pense plus. Des rires me font relevés la tête. J'observe ses lèvres qui se fendent d'un sourire magnifique, le même que ma Petite Rousse, je porte le verre à mes lèvres. Se sentant de nouveau observer, elle lève les yeux vers moi et cesse de sourire. Je l'observe sans me gêner. Nos yeux restent accrochés très longtemps, j'ai l'impression de voir Erin à travers son regard. L'intensité de son regard m'effraie. Les battements de mon cœur s'accélèrent, je me sens frissonné. Et si c'était elle ? De nouveau, elle lâche mon regard, elle se lève et me regarde une dernière fois avant de me tourner le dos. Mon instinct me guide même si je suis complètement bourré, je la suis. Ses courbes me narguent, ses fesses sont superbement moulées dans sa putain de robe rouge. Elle ralentit le pas puis s'arrête complètement, je fais de même. Je sais qu'elle sait que je la suis et ça m'excite, bordel ! Elle se tourne et me fait face avec un regard si intense que je recule. Je regarde autour de moi, suis-je en train de rêver ? L'alcool me rend con ! Soudain elle avance vers moi sans me lâcher des yeux. Son visage s'approche de ma nuque, je penche la tête pour la sentir, je deviens dur. Cette odeur...

— Monsieur Antonovitch !

Quelqu'un crie mon nom dans un micro, j'entends des applaudissements. Des personnes m'entourent, me séparant d'elle. J'essaie d'avancer pour la rattraper mais elle se tourne et disparait. Je reste un moment figé. Anna apparaît devant moi, je regarde ses lèvres bougées mais je n'entends rien. Erin est dans mon sang et je vais devenir complètement fou. Je rêve d'elle debout. Je veux que ça cesse, que la douleur me lâche je vous en prie ! Je n'arrive plus à respirer, je prends en vol un verre et le vide pensant que ça allait me soulager. J'ai vraiment besoin d'aide.

— Ivan ! Ivan !

Je sens qu'on me secoue mais je continue de regarder l'endroit où cette femme était. Je vais crever. J'ai besoin d'air. Je m'échappe de tous, je sors de ce trou. Mes oreilles sifflent, j'ai la tête qui tourne. Devant la porte, je m'écroule à genoux. Quelqu'un me tient pour m'empêcher de m'effondrer. Ma tête me fait si mal, que je hurle. La dernière image est celle d'Erin que je vois avant de sombrer.

*

J'ai du mal à ouvrir les yeux, je ressens une forte douleur dans le crâne. J'entends des bips qui me donnent le tournis. J'arrive à ouvrir les yeux. Où es ce que je suis ? Ma langue semble si lourde, mon corps me fait souffrir.

— Il était temps que tu te réveilles.

Je tourne la tête sur Anna qui est assise sur une chaise blanche.

— Tu finiras par mourir à ce rythme. Là tu as eu de la chance avec cette overdose d'alcool mais et la prochaine fois ? Es ce que tu veux mourir ? Tu penses parfois à ton fils qui est malheureux de l'absence de son père ? Il n'a pas arrêté de pleurer toute la nuit dans mes bras. J'ai moi aussi une famille ! Je m'occupe de Dimitri parce qu'il est comme mon fils mais il a besoin que de toi Ivan ! Ressaisis toi bon sang !

Anna se pose sur mon lit soudain calmée. Elle se penche vers moi et essuie mes joues. Je ne savais même pas que je pleurais. Son geste est si triste que j'éclate en sanglots. Je n'arrive pas à y croire, Erin nous a quitté et ça fait six putains d'années. Je pleure enfin, presque libéré d'un poids et ça me fait un bien fou.

— Il faut que tu arrives à surmonter ce passage douloureux de ta vie Ivan, sinon tu sombreras pour de bon et ce sera trop tard pour le regretter.

THE REAL BITCH I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant