𝑆𝑜𝑙𝑜 𝑢𝑛𝑎 𝑛𝑜𝑡𝑡𝑒

23 ☆

Damiano David
[3 jours plus tard, chez Damiano]

Ça fait maintenant un peu plus de 5 jours que je n'ai pas quitté ma chambre, 5 jours de lutte acharnée contre mes démons, de sueurs froides et de tremblements incontrôlables. Chaque seconde me paraît être une éternité mais j'ai l'impression que mon état s'améliore, petit à petit.
Ce matin, les tremblements sont encore là, mais moins violents. Je décide de faire un effort, de sortir un peu, de prendre l'air.
J'ouvre la porte de ma chambre et me dirige vers le balcon, une cigarette entre les doigts.

En arrivant sur le balcon, Thomas est là, appuyé contre la rambarde, son regard perdu dans l'horizon. Il tourne la tête en entendant la porte s'ouvrir et semble surpris de me voir.

Thomas :
Merde Damiano, ça fait plaisir de te voir debout !

Je lui offre un sourire fatigué, un sourire qui veut dire que je suis encore là, que je tiens bon malgré tout.

Damiano :
J'avais besoin de prendre l'air, j'allume ma cigarette, comment tu vas ?

Thomas :
Ça pourrait aller mieux... mais toi, comment tu te sens ?

Je prends une bouffée de ma cigarette, appréciant la brûlure familière de la nicotine.

Damiano :
Mieux je crois, j'arrive à tenir debout, c'est déjà un bon début... et Maeva ? Comment elle se sent ?

À l'évocation de son nom, le visage de Thomas se décompose. Il détourne le regard, essayant d'éviter ma question.

Damiano :
Thomas ?

Thomas hésite un instant, comme s'il cherchait les mots justes à dire. Son regard trahit une profonde préoccupation mêlée à une pointe de tristesse.

Thomas :
Dam... Maeva elle.. elle va pas bien du tout mais c'est pas à moi de t'en parler... tu sais, elle demande souvent de tes nouvelles, elle s'inquiète pour toi

Une bouffée de colère monte en moi. Comment peut-elle s'inquiéter pour moi alors qu'elle-même traverse le même enfer ?

Damiano :
Elle n'a pas à se préoccuper de moi ! Putain elle doit penser à elle-même, à son propre bien !

Thomas soupire, désarçonné par ma réaction.

Thomas :
Tu sais comment elle est, elle t'aime Damiano, c'est normal qu'elle s'inquiète pour toi... tu devrais l'appeler, lui dire que tu vas mieux, elle a besoin de ton soutien Dam

Damiano :
Moi aussi je l'aime mais comment veux-tu que je la soutienne alors que je suis moi-même en train de me battre contre tout ça ?

Thomas :
Appelle-la Damiano

Je hoche lentement la tête, comprenant que Thomas a raison. Je jette ma cigarette à moitié consumée et retourne à l'intérieur, déterminé à affronter cette conversation, aussi douloureuse soit-elle.

De retour dans ma chambre, je m'assois sur le bord de mon lit et prends mon téléphone. Mes doigts tremblent légèrement alors que je compose le numéro de Maeva. Les sonneries résonnent longuement dans le silence oppressant de ma chambre. Après une longue attente, je tombe sur sa messagerie. Une fois. Deux fois. Puis la voix douce de Victoria résonne à l'autre bout du fil.

- Allô ?
- Vic euh... est-ce que.. est-ce que je peux parler à Maeva ?
- Elle est en train de dormir Damiano, elle a vraiment besoin de repos, tu peux rappeler plus tard ?

Je sens une boule se former dans ma gorge. La détresse dans la voix de Victoria m'alarme encore plus.

- Attends, Vic s'il te plaît, comment elle va ? J'ai besoin de savoir...

Victoria soupire profondément, laissant échapper quelques sanglots incontrôlés.

- Elle.. je suis désolée Damiano mais elle va pas bien du tout... elle mange presque rien et elle passe tout son temps allongée dans son lit, elle est tellement faible, elle se met à pleurer, on sait plus quoi faire pour elle...
- Vic je... pourquoi vous m'avez rien dit ? Putain... vous avez appelé un médecin ?

Ma voix tremble, je me sens complètement impuissant face à cette situation qui m'échappe de plus en plus.

- On a essayé Damiano tu sais, mais elle refuse de voir un médecin... elle dit qu'elle n'en a pas la force, elle ne parle plus, elle... elle se laisse mourir à petit feu...

Les larmes me montent aux yeux. Je n'arrive pas à croire que la personne que j'aime le plus au monde va si mal.

- Vic, s'il te plaît, aidez-la ! Faites-la manger, trouvez un moyen de la convaincre de se faire aider !
- Putain mais on essaie Dam mais elle ne nous écoute pas ! Et toi tu l'as laissée tomber bordel ! Tu ne lui a pas envoyé un seul message ! Elle s'arrête d'un coup, désolée, je voulais pas m'énerver... mais sérieusement, elle a besoin de toi Damiano, elle demande sans cesse après toi, elle demande de tes nouvelles tous les jours, elle pense que tu l'as oubliée...
- Bien sûr que non... je sais que j'aurais dû lui parler mais c'est pas facile pour moi non plus tu sais, je... je suis pas encore sorti d'affaire...
- Écoute... je sais que c'est pas facile de ton côté non plus mais elle a besoin de toi
- Victoria, dis-lui que je l'aime s'il te plaît, que je ne l'ai pas oubliée !
- Je le ferai Dam... prends soin de toi d'accord ?
- Promesso Victoria

Je raccroche lentement, le cœur lourd de culpabilité et d'inquiétude pour Maeva. Les paroles de Victoria résonnent dans ma tête alors que je reste assis sur le bord de mon lit, les yeux fixés sur le mur en face de moi. Je n'ai pas oublié Maeva, pas un seul instant. Mais comment je peux l'aider alors que je lutte moi-même pour rester debout ?