Valence - 6

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Les jours et les semaines passaient difficilement, malgré le cadre enchanteur du domaine familial. La vie dans ce manoir luxueux était empreinte de splendeur, mais elle se révélait rapidement ennuyeuse et monotone. Chaque matin, Alex partait tôt avec son père pour travailler, laissant un vide palpable dans la maison. Leurs journées de travail étaient longues, et il ne revenait que tard dans la soirée, épuisé.

Lucia, quant à elle, venait rarement. Elle était souvent occupée par ses propres obligations et activités en ville. Les moments passés en sa compagnie étaient devenus de plus en plus rares, et je me retrouvais souvent seule, à arpenter les vastes couloirs et les jardins ou enfermée dans la bibliothèque, essayant de trouver des moyens de passer le temps. Je me sentais prisonnière d'un lieu où tout était parfait en apparence, mais où je me sentais étrangère et isolée.

Parfois, Alex enfreignait les règles strictes imposées par ses parents et me rejoignait discrètement dans ma chambre. Ces moments volés, bien que précieux, étaient empreints d'une nervosité constante. Nous prenions tellement de précautions pour ne pas être découverts que nos rapports en pâtissaient. L'intimité, habituellement source de plaisir et de complicité, devenait un exercice stressant et maladroit.

Les nuits étaient courtes et marquées par des chuchotements étouffés, des mouvements précautionneux, et une vigilance constante. La peur d'être surpris nous empêchait de nous abandonner totalement l'un à l'autre. Nos étreintes, autrefois passionnées et spontanées, étaient devenues timides et hésitantes, à la limite du médiocre. Chaque petit bruit nous faisait sursauter, et chaque ombre projetée par la lumière de la lune à travers les rideaux nous semblait suspecte.

Un soir, alors que nous étions allongés côte à côte, Alex caressa doucement ma joue, ses yeux remplis de tristesse.

- Je suis désolé, Sarah, murmura-t-il. Je déteste cette situation autant que toi.

Je posai ma main sur la sienne, tentant de lui offrir un sourire rassurant.

- Ce n'est pas ta faute, Alex. Nous savions que ce serait difficile. Mais parfois, j'ai l'impression que cette maison me rend folle.

Il soupira, ses doigts entrelaçant les miens.

- Nous devons tenir bon. Ce n'est que temporaire. Une fois que nous serons mariés, nous pourrons vivre comme nous le souhaitons, loin de ces contraintes.

Ses paroles étaient réconfortantes, mais elles n'effaçaient pas la frustration que je ressentais. Le mariage semblait encore si loin, et chaque jour passé dans cette attente interminable me pesait de plus en plus.

Pour tenter de briser la monotonie, je me plongeais dans la lecture, passais du temps à écrire, et explorais les vastes jardins du domaine. Mais rien ne parvenait à combler le manque d'Alex, ni à apaiser la solitude qui m'envahissait peu à peu.

Un après-midi, alors que je me promenais seule près de l'étang, je sentis la fatigue émotionnelle me submerger. Je m'assis sur un banc de pierre, regardant les reflets du soleil sur l'eau. Les larmes commencèrent à couler silencieusement sur mes joues, et je réalisai à quel point cette situation me pesait.

Je pris une profonde inspiration, essayant de trouver la force de continuer. Je savais que je devais rester forte pour Alex et pour notre avenir. Mais par moments, la pression était presque insupportable. Je devais trouver un moyen de rendre cette attente plus supportable, de trouver un équilibre entre mes propres besoins et les exigences de sa famille.

La seule chose qui me réconfortait vraiment était la pensée que le mariage allait bientôt avoir lieu.

Les Passions de Sarah - Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant