Les Passions de Sarah - Tome III

Déchéance - 5

La descente aux enfers continua, marquée par l'emprise toujours plus toxique de Viny sur ma vie, ainsi que mes abus par rapport à la boisson. Viny ne se contentait plus de m'humilier en privé ; il commença à m'exhiber en public comme si j'étais sa propriété et non la femme d'Alex. Chaque sortie avec lui devenait une épreuve de plus, un test de ma capacité à supporter l'humiliation et la dégradation. Les regards des autres, les murmures et les jugements silencieux des inconnus m'étaient désormais familiers, mais je ne réagissais pas.

Nous nous retrouvions souvent dans des bars et des clubs où l'alcool coulait à flots, et où Viny prenait un plaisir pervers à faire des commentaires machistes et déplacés à mon sujet.

- Regardez-la, disait-il en riant, en m'attirant contre lui d'un geste possessif. Elle est magnifique, n'est-ce pas ? Vous ne croiriez jamais qu'elle est mariée à un autre homme.

Son ton était toujours imprégné de cette fierté malsaine, comme s'il exhibait un trophée.

Je buvais encore plus que de raison, espérant que l'ivresse m'aiderait à oublier, à supporter un peu plus facilement ces soirées de plus en plus insupportables. Chaque verre vidé était une tentative désespérée de fuir la réalité, de m'anesthésier contre la honte et le dégoût que je ressentais envers moi-même.

Une nuit particulièrement pénible, Viny m'emmena dans un bar branché, fréquenté par des hommes d'affaires et des jeunes branchés. Dès notre arrivée, il commença à me montrer comme un objet de convoitise.

- Les gars, vous avez vu ça ? N'est-elle pas superbe ? C'est moi qui l'ai, et elle est toute à moi.

Je restais silencieuse, fixant mon regard sur mon verre, tentant de trouver un refuge dans l'alcool.

Un groupe d'hommes s'approcha de nous, attirés par l'attitude bravache de Viny et par ma présence. Ils échangèrent des regards entendus et des rires gras, renforçant le sentiment de dégoût qui m'envahissait. Viny, ravi de l'attention, continua ses commentaires, ne se gênant pas pour me toucher de manière inappropriée en public.

- Regardez comme elle est docile, dit-il en me caressant les seins. Elle sait où est sa place.

Je laissai faire, mon esprit déjà trop engourdi par l'alcool pour protester.

L'une des femmes présentes cette nuit-là, une connaissance d'Alex, semblait choquée de me voir dans un tel état. Elle s'approcha de moi lorsque Viny s'éloigna pour discuter avec d'autres hommes.

- Sarah, qu'est-ce que tu fais ici ? Où est Alex ? me demanda-t-elle, ses yeux pleins de surprise.

Je la regardai, mais les mots me manquaient. Comment pouvais-je expliquer la situation. Je haussai simplement les épaules, portant une fois de plus mon verre à mes lèvres. Elle secoua la tête, visiblement déconcertée, avant de s'éloigner, me laissant seule.

À chaque nouvelle soirée avec Viny, je me sentais un peu plus brisée, un peu plus éloignée de celle que j'avais été autrefois. Les commentaires déplacés, les regards lubriques, les mains baladeuses de Viny étaient devenus mon quotidien. Et moi, je continuais de boire, cherchant à noyer la honte et la douleur dans un océan d'alcool.

Alex soupçonnait depuis un certain temps que Viny me maltraitait. Les changements dans mon comportement, mon apparence négligée et mon air absent ne pouvaient pas lui échapper. Un soir, après une de mes sorties avec Viny, Alex m'attendait dans le salon. Je rentrai, chancelante et ivre, prête à sombrer une fois de plus dans un sommeil artificiel.

- Sarah, il faut qu'on parle, dit-il d'une voix ferme mais douce, essayant de capter mon attention.

Je l'ignorai, tentant de me diriger vers notre chambre, mais il se plaça devant moi, me bloquant le passage.

- Non, tu ne peux plus fuir. Dis-moi la vérité. Que se passe-t-il entre toi et Viny ? Est-ce qu'il te fait du mal ?

Je levai les yeux vers lui, mais mon regard était vide, mon esprit noyé dans l'alcool.

- Laisse-moi tranquille, Alex, murmurai-je, ma voix traînante et sans vie.

Il posa ses mains sur mes épaules, me regardant droit dans les yeux, son visage plein de désespoir.

- Sarah, s'il te plaît, arrête ça. Ne fais pas de conneries qui pourraient ruiner nos vies à tous les deux. Tu es ma femme, je t'aime, et je veux t'aider.

Je secouai la tête, sentant la colère monter en moi.

- Tu ne comprends pas, répondis-je, ma voix se brisant. Personne ne peut m'aider.

- Sarah, continua-t-il, sa voix presque suppliante, je t'en prie, dis-moi la vérité. Est-ce que Viny te maltraite ? Est-ce qu'il te fait du mal ?

Je baissai les yeux, incapable de répondre. La vérité était trop douloureuse, trop humiliante à avouer.

- Non, mentis-je finalement, il ne me fait pas de mal.

Alex soupira, ses épaules s'affaissant sous le poids de son inquiétude.

- Tu dois arrêter cette relation, Sarah. Avant que je ne sois obligé de faire quelque chose. Si tu continues, je vais devoir intervenir. Et je ne veux pas faire de mal à Viny, mais je le ferai si c'est nécessaire.

Je relevai les yeux vers lui, mais son visage était flou.

- Tu ne comprends pas, répétai-je, ma voix éraillée.

Il secoua la tête.

- Laisse-moi t'aider. S'il te plaît.

Je détournai le regard, incapable de soutenir son regard chargé de douleur.

- Je ne peux pas, murmurai-je. C'est trop tard.

Alex serra les dents, la frustration et la tristesse se mêlant sur son visage.

- Si tu ne fais rien, je le ferai. Je ne laisserai pas cet homme te détruire. Je t'aime trop pour ça.

Je ne répondis pas, mon esprit trop embrouillé pour comprendre pleinement ses paroles. Tout ce que je voulais, c'était fuir cette conversation, fuir cette réalité trop douloureuse à affronter.

- Laisse-moi tranquille, répétai-je, avant de me dégager de son emprise et de tituber jusqu'à notre chambre.

Je fermai la porte derrière moi, m'effondrant sur le lit, les larmes roulant sur mes joues. Les mots d'Alex résonnaient dans ma tête, mais je ne pouvais pas les accepter. La culpabilité, la honte, la douleur étaient trop profondes. Je savais que je devais arrêter, que je devais me libérer de Viny, mais je n'en avais pas la force.