Déchéance - 6

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La tension entre Alex et moi ne cessait de croître, chaque jour un peu plus insupportable. Et moi, aveuglée par la douleur et l'alcool, je ne voyais pas que je me dirigeais droit vers l'abîme, entraînant Alex avec moi dans cette spirale destructrice.

Au fil des mois, ma relation avec Alex se dégrada au plus haut point. Le lien qui nous unissait autrefois s'effritait chaque jour un peu plus, laissant place à un vide douloureux et insupportable. Depuis le décès de ma sœur Ayla, nous n'avions plus partagé de lit. Nos conversations, autrefois pleines de complicité et de tendresse, se réduisaient désormais à des échanges froids et distants, marqués par une incompréhension mutuelle et une tristesse palpable. Chaque tentative d'Alex pour me rapprocher de lui, pour m'aider à surmonter ma douleur, était rejetée. Je m'enfonçais de plus en plus dans une spirale de désespoir et d'autodestruction.

J'avais essayé de reprendre mes études, pensant que cela pourrait m'aider à retrouver un semblant de normalité. Cependant, je n'y allais que rarement, incapable de me concentrer ou de m'intéresser aux cours. Mon esprit était trop accaparé par la douleur de la perte d'Ayla et la culpabilité qui me rongeait. Les rares fois où je me rendais à l'université, je me sentais comme une étrangère, déconnectée de tout ce qui m'entourait. Les visages des autres étudiants, leurs conversations animées, tout cela me semblait appartenir à un monde dont je ne faisais plus partie.

La plupart de mon temps, je le passais avec Viny, m'enfonçant encore plus dans cette relation toxique. Il me traitait mal, profitait de moi de toutes les manières possibles, et je le laissais faire, convaincue que je méritais cette punition. Ses mots durs, ses gestes brutaux, tout cela était devenu mon quotidien. Je ne trouvais aucun réconfort, aucune paix, mais je continuais, incapable de rompre ce cycle destructeur.

Viny m'exhibait toujours en public comme si j'étais sa chose. Lors de ces sorties, il ne se gênait pas pour faire des commentaires cruels et humiliants.

- Regardez-la, disait-il en riant. Cette femme, elle est mariée, mais elle préfère passer ses nuits avec moi.

Les rires fusèrent autour de nous, et je me sentais mourir un peu plus à l'intérieur.

- Elle est tellement soumise, poursuivait-il, caressant ma joue de manière possessive. Elle sait qui est le vrai homme ici.

Puis, il ajoutait en me pinçant le bras :

- Hein, Sarah ? Dis-leur à quel point tu es heureuse avec moi.

Je restais silencieuse, fixant mon regard sur mon verre, tentant de trouver un refuge dans l'alcool.

- Sarah, parle, insistait-il. Dis-leur à quel point tu es mieux avec moi qu'avec ton mari.

- Oui, murmurais-je finalement, la voix tremblante, je suis mieux avec toi.

Les mots avaient un goût amer, mais je les disais, convaincue que c'était le prix à payer pour mes fautes.

La situation empira lorsqu'un jour, Viny introduisit dans notre relation une façon encore plus dégradante de me traiter. Il m'obligea à m'habiller de manière avilissante, presque comme une prostituée, chaque fois que nous sortions ensemble. Il choisissait des vêtements provocants, des tenues qui ne laissaient que peu de place à l'imagination, et insistait pour que je les porte en public. Les regards des autres, les murmures et les jugements silencieux devenaient monnaie courante, mais je me soumettais à ses exigences.

Les premiers signes de ce nouveau traitement apparurent lorsque Viny m'emmena faire du shopping. Il choisit des robes courtes, des décolletés plongeants, des talons vertigineux.

- Tu seras magnifique là-dedans, dit-il avec un sourire cruel en me tendant une robe rouge écarlate. Les gens ne pourront pas te quitter des yeux.

Je savais que cela signifiait bien plus que de simples compliments, c'était une manière pour lui de me contrôler, de m'exhiber comme une possession.

Finalement, je pris une décision difficile mais nécessaire. Un soir, alors que je me trouvais dans notre chambre, j'attendis qu'Alex rentre à la maison. Il entra, fatigué et préoccupé, comme à son habitude ces derniers temps. Je me tenais près de la fenêtre, regardant dehors, essayant de trouver les mots justes pour ce que j'allais lui dire.

- Alex, il faut qu'on parle, dis-je doucement, mon cœur battant la chamade.

Il s'approcha, son visage marqué par l'inquiétude.

- Qu'est-ce qu'il y a, Sarah ? demanda-t-il, sa voix pleine de sollicitude.

Je pris une profonde inspiration, rassemblant tout mon courage.

- Je pense qu'on doit faire un break, déclarai-je, la voix tremblante. Je ne te mérite pas. Tu as fait tout ce que tu pouvais pour m'aider, mais je continue à te blesser.

Il secoua la tête, refusant d'accepter mes paroles.

- Non, Sarah, ne dis pas ça. On peut encore arranger les choses. Tu as juste besoin de temps, et je suis prêt à te donner tout le temps qu'il te faut.

Je le regardai dans les yeux, sentant mes larmes monter.

- Je sais, Alex, mais j'ai besoin de temps loin de toi. Ce n'est pas juste pour toi de continuer à vivre comme ça, avec une femme qui te fait souffrir.

- Mais où vas-tu aller ? demanda-t-il, sa voix pleine de désespoir. Je ne veux pas que tu sois seule.

- Je ne serai pas seule, répondis-je, essayant de le rassurer. Je vais à l'hôtel. J'ai juste besoin de temps pour comprendre ce que je veux, pour essayer de me retrouver.

Il secoua la tête avec force.

- Non, Sarah, pas à l'hôtel. Je ne peux pas te laisser partir seule. Laisse-moi sortir, je te laisserai l'appartement. Prends tout le temps qu'il te faut ici.

Mais je restai ferme.

- Non, Alex. C'est à moi de partir. C'est moi qui ai tout gâché, c'est moi qui dois partir.

- Je ne peux pas te laisser faire ça, Sarah. Je ne peux pas te laisser partir comme ça.

Je ramassai une légère valise que j'avais préparée plus tôt, la tenant fermement.

- Je suis désolée, Alex. Mais c'est ce que je dois faire. S'il te plaît, comprends-moi.

Il se figea, réalisant que rien de ce qu'il dirait ne pourrait me faire changer d'avis.

- Sarah, je t'en prie, murmura-t-il, la voix brisée. Ne fais pas ça.

Je m'approchai de lui, posant une main tremblante sur sa joue.

- Je dois le faire, Alex. Pour toi, pour moi. Je suis désolée.

Les larmes coulaient sur mon visage. Sans un mot de plus, je quittai notre maison, laissant derrière moi tout ce que nous avions construit ensemble. Je me dirigeai vers l'hôtel où j'avais réservé une chambre, sachant que j'allais plonger encore plus profondément dans l'abîme. Pour moi, c'était une façon de m'isoler, de me punir, mais au fond de moi, je savais que je finirais par rejoindre Viny.

Les Passions de Sarah - Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant