Les Passions de Sarah - Tome III

Valence - 7

Finalement, Janvier arriva et avec lui, les préparations pour le mariage. Le domaine familial fut transformé en un véritable palais de contes de fées. Chaque coin de la propriété était orné de guirlandes lumineuses, de fleurs exquises et de tentures somptueuses. L'ambiance féerique était palpable, mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir étrangement détachée de toute cette splendeur.

Les jours précédant le mariage furent une frénésie de préparatifs. Chaque matin, je me réveillais au son des voix des décorateurs et des organisateurs qui s'affairaient à rendre chaque détail parfait. Les domestiques allaient et venaient, portant des bouquets de fleurs, des plateaux de mets délicats, et des rouleaux de tapis luxueux. Le domaine, habituellement paisible, bourdonnait d'activité et de rires.

Je passais des heures interminables à essayer des robes de mariée, chacune plus belle et plus élaborée que la précédente. Des stylistes me coiffaient et me maquillaient, créant des looks différents pour chaque essayage. Je me sentais comme un pion au milieu d'un jeu complexe que je ne contrôlais pas. Les décisions semblaient se prendre sans moi, et je me retrouvais souvent à sourire poliment et à hocher la tête, même lorsque je n'étais pas d'accord.

- Sarah, essaie celle-ci, elle est parfaite pour toi, disait Valeria la mère d'Alex avec un enthousiasme débordant, tenant une robe de mariée ornée de dentelle et de perles. Je me laissais faire, me glissant dans la robe avec l'aide des couturières, mon reflet dans le miroir me renvoyant l'image d'une princesse éthérée. Pourtant, je ne ressentais aucune joie, seulement une profonde sensation d'irréalité.

« Ce n'est pas du tout moi ça, pensai-je. Moi je viens des bas-fonds. Je ne sais pas si je mérite tout ça. »

Chaque nouvelle coiffure, chaque nouveau maquillage ajoutait à mon sentiment de confusion.

- Ce chignon mettra en valeur ton visage délicat, me disait la coiffeuse, tandis qu'elle peignait mes cheveux avec une précision méticuleuse. Et ces boucles, elles ajoutent une touche romantique.

« Si tu savais à quel point je m'en fiche de tout ça, essayai-je de lui dire par la pensée. »

Lucia était présente, bien sûr, toujours prête à me soutenir et à me rassurer.

- Ne t'inquiète pas, Sarah, me disait-elle souvent. Tout cela sera bientôt terminé, et tu seras mariée à Alex. C'est ça le plus important.

Mais malgré ses paroles réconfortantes, l'absence d'Alex pesait lourdement sur moi. Il semblait s'être évaporé dans l'air, emporté par les responsabilités et les préparatifs que nous n'avions jamais vraiment pu partager ensemble. Chaque fois que je demandais après lui, on me répondait qu'il était occupé avec les invités ou les arrangements de dernière minute.

- Tu le verras le jour du mariage" me disait Valeria. C'est la tradition, ma chère.

Cette tradition me paraissait cruelle. J'avais l'impression de me préparer à épouser une ombre, un souvenir d'Alex plutôt que l'homme lui-même. Le manque de contact avec lui amplifiait ma solitude et mon sentiment de déconnexion. Je me sentais piégée dans une mascarade fastueuse, où mon rôle se limitait à être la mariée parfaite, conforme aux attentes de tout le monde sauf aux miennes.

Les nuits étaient les plus difficiles. Seule dans ma chambre, je contemplais le plafond orné, écoutant les échos lointains des préparatifs nocturnes. Les pensées tourbillonnaient dans ma tête, des doutes et des craintes que je n'avais personne avec qui partager. Je pensais à Alex, à nos moments volés, et je me demandais si tout cela valait la peine.