Chapitre 2

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Elena

Je me réveille d'un coup. Avec effroi, j'entends une clé tourner dans la serrure. J'ai dû finir par m'assoupir, bercée par le tumulte de mes pensées. Je ne peux m'empêcher de ressasser ce qu'il s'est passé au bar avec cet inconnu. Je parviens à m'asseoir et je ramène mes jambes contre moi, comme si cela pouvait suffire à me protéger. Même si je n'ai plus aucun effet de la drogue dans mon organisme, la fatigue et le stress m'ont affaibli, c'est indéniable.

Mon corps se tend, figé par la peur à l'idée de faire le moindre bruit. Mon pouls s'accélère, j'appréhende l'imminence de la confrontation. Je n'ai aucune idée de qui va entrer dans ma cellule, mais je garde un infime espoir de connaître enfin ce que l'on attend de moi.

Finalement, ai-je vraiment envie de le savoir ?

La porte s'ouvre avec un grand à-coup. Dans un premier temps, je ne discerne qu'un intense halo de lumière. À contre-jour, une silhouette imposante apparaît. Contraste saisissant avec la faible intensité de l'éclairage de ma prison, mais qui a le mérite de me permettre de mieux distinguer l'entrée de la pièce dans laquelle je suis retranchée. Un rapide coup d'œil m'informe que cette dernière est vide, hormis la présence du matelas que j'occupe. La crasse semble repeindre chaque parcelle des murs qui composent cet endroit. J'ose à peine regarder le lit de fortune sur lequel je me suis endormie de peur de confirmer mes pires craintes quant à ce qui a pu se passer dessus avant mon arrivée. Prise de spasmes, je resserre de manière instinctive mes bras autour de mes jambes.

— La belle au bois dormant est enfin réveillée, entends-je.

Comment ça « enfin » ? Quelqu'un est-il venu sans que je m'en rende compte ?

Le son de cette voix rauque me surprend. Je suis certaine de ne pas la connaître. Ce timbre grave aurait pu dans d'autres circonstances m'échauffer. Du bout des lèvres, j'ose prendre la parole et poser la question qui me tient tant à cœur :

— Qu'est-ce que vous me voulez ? Si c'est de l'ar....

— Épargne-moi tes jérémiades. Mange et tais-toi. Tu le sauras bien assez tôt.

L'homme avance vers moi d'un pas rapide. Ses cheveux courts lui donnent une expression dure, amplifiée par des traits marqués, creusés. Il n'est plus qu'à quelques centimètres, ce qui me permet de détailler son faciès marqué par les stigmates de la violence. Des flashs apparaissent dans mon esprit, est-il aussi agressif que ce que les marques sur son visage laissent penser ?

J'ai conscience que c'est là peut-être mon unique chance d'obtenir des informations sur les raisons de mon enlèvement. Je rassemble mon courage et poursuis avec le flot de paroles que j'ai en tête :

— S'il vous plaît, je ne comprends pas, laissez-moi partir, je dirai rien, je vous pr...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'une bouteille d'eau est jetée dans ma direction s'échouant sur le sol, à quelques centimètres de mes pieds. Je sursaute face à la brutalité de ce geste et ne parviens pas à réprimer un hoquet de surprise, ce qui me vaut un regard noir. Je ne sais pas si le tir a été sciemment détourné de sa cible, moi, ou s'il s'agit d'un très mauvais lanceur. Néanmoins, je suis heureuse de ne pas avoir été touchée de plein fouet. D'un coup de pied, l'individu pousse un plateau vers moi.

— Ouvre-la encore et je me ferai un plaisir de trouver un moyen bien plus agréable pour occuper ta grande bouche.

Sa voix n'est définitivement plus sexy. La menace à peine voilée me glace le sang. J'ai l'impression que le peu de chaleur emmagasinée dans mon corps me quitte.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant