Chapitre 11

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Elena

Les jours passent et se ressemblent. En soi, je n'ai pas trop à me plaindre. Je ne suis pas maltraitée même si je suis toujours privée de ma liberté de mouvement. Concrètement, je ne comprends pas pourquoi ils s'entêtent à me garder. Je ne croise personne, hormis Kent qui passe la plupart de ses journées avec moi. Le pauvre, j'imagine qu'il doit avoir le temps long de pouvoir reprendre ses activités. Nous ne parlons pas. Enfin, si. Je parle, il m'écoute ou du moins j'aime à croire que je ne discute pas complètement dans le vide. Même si je m'adresse à un mur, j'ai besoin d'extérioriser sur tout et sur rien pour ne pas devenir complètement folle.

Folle, j'ai l'impression de le devenir chaque fois un peu plus la nuit. Mes cauchemars sont toujours très présents. J'ai tout le loisir de pouvoir me reposer, mais je ne parviens pas à obtenir un sommeil réparateur. Lorsque je ferme les yeux, je suis assailli d'images de ma première détention. Ce connard n'aura pas eu complètement mon corps mais il aura pris possession de mon esprit, y laissant une trace indélébile. Je lutte pour ne pas dormir et me retrouver à sa merci.

Je ne comprends pas l'attitude de Kent, lorsqu'il me réconforte au milieu de la nuit il est si prévenant, mais quand le jour se lève et qu'il revient officiellement monter sa garde dans ma prison dorée il fait comme si de rien n'était. Il faut que j'arrive à comprendre son comportement.

Quand on parle du loup !

Le déclic familier de la serrure se fait entendre et la porte s'ouvre. Je m'apprête à lancer un sourire sympathique à Kent, sauf que... ce n'est pas lui. Mais son connard de chef.

— Habille-toi.

Mes sourcils se lèvent interrogatifs. Je suis habillée, mais je me retiens de lui répondre. J'imagine qu'il vaut mieux que j'enfile autre chose que le short en tissu léger que je porte en guise de pyjama.

— Où est Kent ?

— C'est moi qui pose les questions ici. T'as pas à en savoir plus.

— Au moins, lui, il a la politesse de dire bonjour, marmonné-je.

Je ne sais pas du tout d'où me vient l'envie subite de l'irriter. Je n'attends pas une quelconque réponse de sa part et me rue dans la petite salle de bain attenante. Je me rends compte de l'impair que je viens de faire et je ne suis pas du tout prête à assumer l'affront face à ce chef de gang.

Y a-t-il une infime chance pour qu'il ne m'ait pas entendue ?

Ma conscience m'indique que non, si j'étais un tant soit peu chanceuse je ne serai pas dans cette situation. En même temps, à force de me laisser enfermer dans cette pièce je commence à disjoncter. 

C'est tout un casse-tête pour m'habiller avec des vêtements propres. J'utilise le gel douche trouvé dans un placard de la petite salle de bain pour laver mes habits et sous-vêtements. Heureusement, grâce à mon "baby-sitter", j'ai des vêtements supplémentaires. Je n'ai aucune idée d'où il les récupère, mais ce geste rend ma captivité un peu plus humaine. Avec le peu d'options vestimentaires à ma disposition, je prends un crop top rose fluo que Kent m'a donné il y a quelques jours et j'enfile un jean qu'il m'a également fourni. Le pantalon me moule tellement que j'ai l'impression qu'il fait office de seconde peau. Si on m'avait dit qu'un jour je finirais habillée ainsi, je ne l'aurais pas cru. J'ai l'habitude de porter des vêtements classiques. En tant qu'infirmière au UPMC Pinnacle Harrisburg, avec mes 40 heures par semaine en tenue médicale, je n'ai pas beaucoup de temps libre pour entretenir une garde-robe exotique. Je termine en enfilant une paire de baskets.

— Tu te magnes le cul. J'ai pas toute la journée ! entendé-je

Je sens comme une pointe d'agacement dans sa voix de l'autre côté du mur.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant