Chapitre 38

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Elena

Cette voix, forte et tranchante, me fait frissonner, me noue l'estomac. Docile, je ne réfléchis même pas. Mes mains agissent d'elles-mêmes, et je referme la porte derrière moi, comme sous l'emprise d'un pouvoir invisible. Mes jambes tremblent légèrement, mon cœur bat à tout rompre. Une série d'éventualités, plus sombres les unes que les autres, défilent devant mes yeux. Incapable de crier, ni même de parler, la prestance que cet homme dégage rien qu'en étant de dos me cloue sur place.

Je ne sais pas qui est cet homme. Ce que je sais en revanche, c'est que je ne fais pas le poids face à cette carrure imposante s'il décide de me maitriser. Chaque fibre de mon être hurle de prendre la fuite, mais je reste comme paralysée. L'absence de veste en cuir ne me dit rien qui vaille. Mon esprit tente de me convaincre que tous n'en portent pas dans l'enceinte du club.

Il se retourne, lentement, dévoilant un visage que je ne connais pas. Mon stress augmente d'un cran.

Est-ce que ce type fait partie du club ?

Ses cheveux poivre et sel soulignent son visage, dur, et ses yeux vairons sont empreints d'une autorité glaçante. Il me dévisage avec dureté. Son corps, tendu, inspire le respect. Pour autant ce qui me transperce c'est le danger qui émane de lui. Plusieurs secondes passent sans que l'un de nous brise le silence. Je me sens détaillée, de la tête au pied, une lueur d'intérêts dans ses yeux marron et vert.

— Sais-tu qui je suis ?

Je sursaute presque d'entendre de nouveau la tonalité grave, puissante de sa voix. Je secoue la tête dans la négative, muette, incapable de formuler la moindre réponse. Mon esprit s'emballe, cherchant désespérément une explication à la présence de cet intrus, mais rien ne vient. Chaque fibre de mon être est tendue, prête à exploser sous la tension qui augmente dans la pièce.

Un rire gras s'échappe de sa gorge. Perplexe, je le regarde sans comprendre ce qui peut bien l'amuser à ce point.

— Bien, murmure-t-il, un sourire inquiétant se dessinant sur ses lèvres.

Il avance d'un pas vers moi, et je sens mon dos se plaquer instinctivement contre la porte.

Mauvais réflexe que de reculer sur une porte close.

L'air devient plus lourd, son regard ne quitte pas le mien, me transperçant d'une froideur qui me donne des frissons. Si je suis terrifiée par sa présence, tandis que lui semble être dans une sorte de fascination prenant le temps de me détailler.

— Ta place n'est pas ici, Elena, déclare-t-il d'une voix calme, presque posée, mais chargée d'une dureté implacable.

Je le regarde, les mots restant coincés dans ma gorge.

— Par je ne sais quel hasard, tu te retrouves ici, dans mon club, poursuit-il en s'approchant d'un pas, réduisant encore la distance qui nous sépare. Tu as apparemment sauvé la vie de l'un de mes hommes mais tu les distrais également. Tu donnes des rêves de libertés à MA fille. Alors quoi ? Tu penses pouvoir t'infiltrer ici, te fondre dans le décor, mais tu n'as aucune idée de ce que tu fais.

Son ton devient venimeux seconde après seconde. Chaque mot glissant dans l'air comme un serpent prêt à frapper. Mon cœur s'accélère, et une terreur pure commence à s'emparer de moi.

Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Il pourrait me briser la nuque d'un simple geste, dégainer une arme que je devine planquée à sa ceinture, je n'aurais pas même le temps de dire ouf.

Ses sourcils se froncent sans qu'il perde son expression hautaine, et d'un coup ce qu'il vient de dire fait sens, les pièces du puzzle s'assemblent. Je comprends enfin que je suis face à un homme bien plus dangereux que tout ce que j'avais pu imaginer. Le président du MC, le boss, le père d'Alana, Jack.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant