Black Shadow : l'écho des secrets

Chapitre 14

Devon

Cette fille est quand même particulière. Outre son physique à se damner, elle a l'air d'en avoir dans la tête. Et pourtant, elle n'a pas pris la poudre d'escampette. Je revois le visage de Scott se décomposer à sa vue. Je dois dire que j'en menais pas large quand je l'ai découverte, telle une petite souris perdue mais loin d'être farouche, déterminée à ne pas se faire manger toute crue. Waren a vraiment fait le con sur ce coup là. Ce gamin ne manque jamais une occasion de se faire remarquer. Même si je le réprimande à chaque opportunité, je mise beaucoup sur lui. Nos parcours sont différents, mais il a cette étincelle, cette envie de vivre qui résonne en moi. Tant que je percevrai cette lueur en lui, je ne le laisserai pas tomber.

Mon regard se perd sur la tignasse brune de mon otage. Certes on la retient contre son gré mais j'estime qu'elle n'a pas à se plaindre. Les recherches de Bones n'ont rien donné d'alarmant concernant cette fille, pourtant, je n'arrive pas à me résoudre à la laisser partir. Le peu qu'elle a pu apercevoir est suffisant pour nous attirer des ennuis. Alors que je l'observe, une étrange fascination m'envahit, rendant ma décision encore plus complexe sur son avenir au sein du club.

En même temps, suffisait de ne pas la laisser dans une pièce avec des fenêtres donnant sur la cour intérieure.

Certes, j'ai fait en sorte de me donner des excuses. J'ai l'intime conviction que cette fille à ce "quelque chose en plus". Dès que nous sommes rentrés au QG j'ai prévenu le Boss qui m'a laissé carte blanche pour gérer la situation. On ramène pas souvent des inconnus, ou du moins, nos "invités" ne finissent pas dans une chambre mais au sous- sol la tête dans un seau pour les faire parler. L'imaginer dans une telle posture augmente mon rythme cardiaque. Décidément, cette fille déclenche en moi de drôle de sensations et réactions.

Je suis tiré de mes pensées en voyant la jolie Elena émerger de ses quelques heures de sommeil bien méritées, et pour une fois , sans cauchemar. D'un mouvement de tête je lui intime de me rejoindre. Elle n'a pas l'air de s'en rendre compte mais c'est une beauté à l'état brut, sans artifice. Le mouvement de ses hanches lorsqu'elle se déplace me met à l'étroit dans mon jean. Faut que je me ressaisisse.

— Le Doc est reparti. Il compte sur toi pour que tu puisses t'occuper de Kent le temps qu'il se remette sur pied.

— Ok.

Sa réaction, simple, m'intrigue. Le peu que j'ai pu voir d'elle ne colle pas avec sa réponse laconique. J'ai envie d'entendre de nouveau sa voix, de la sentir concernée par ce que je lui dis.

— Tu ne m'implore pas pour partir ? Pour rentrer chez toi ?

Elle se renfrogne légèrement mais suffisamment pour m'indiquer que j'ai visé dans le mille. Sa présence entre ses murs n'est plus de mon simple fait. Elle a pris une décision qui semble lui peser. Il me tarde d'en savoir plus.

— Peut-être plus tard? lance-t-elle

Je ne peux m'empêcher de rire face à sa réponse. Sa répartie m'étonne. Elle est pleine de surprise.

— Je vais aller voir mon blessé.

Mon blessé me fait tiquer et une sensation désagréable se répand en moi. J'hoche la tête pour la forme mais, force est de constater, qu'elle n'attendait pas mon assentiment.

Elle se retourne et va rejoindre le reste des gars au chevet de Kent, toujours installé dans la grande salle au milieu du bar, mais désormais allongé sur un lit de fortune. Tous s'écartent sur son passage. Je vois dans leur manière de se comporter qu'elle a gagné une partie de leur respect. Ce constat me va bien, ça me facilite la tâche.