Chapitre 15 p2

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Elena

— Ce que je te propose c'est de pouvoir aller et venir aussi librement que possible dans l'enceinte. La probabilité que tu te retrouves entre les mains de nos nouveaux rivaux, par un malheureux hasard, est aussi infime que celle où je clamse là devant toi, maintenant, d'une crise cardiaque. Y a forcément un lien entre eux et toi. Un patient que tu n'aurais pas sauvé, par exemple ?

Sa suggestion me laisse pantoise. Je n'avais pas vu les choses de cette manière. Et pourtant ça pourrait expliquer bien des choses. Je me souviens de la conversation que j'avais surprise entre deux hommes devant ma cellule. Ils avaient fait des recherches avec une IA pour savoir à quoi je pouvais ressembler. Depuis le début je suis dans le déni, j'en ai bien peur. J'ai occulté la possibilité qu'on veuille s'en prendre directement à ma personne. Pourtant en essayant de recoller les pièces du puzzle je dois me rendre à l'évidence; il doit y avoir une part de vérité dans l'hypothèse de Devon.

— Je... je n'avais pas réfléchi à cette option.

— Et bien penses-y. Plus vite on aura de nouveaux éléments et plus vite cette... situation sera réglée.

— Parce que tu vas me faire croire que je vais pouvoir rentrer sagement chez moi, comme si de rien n'était ensuite?

— Contente-toi de faire ce que je te dis pour le moment, élude-t-il.

— Je ne veux pas traîner dans vos affaires louches. Je n'ai pas besoin d'avoir un QI surdéveloppé pour comprendre que tout n'est pas clair. Si je reste...

— Ce n'est pas un "si".

— Si je reste, insisté-je, je ne veux rien faire qui soit illégal. C'est compris ?

Devon me regarde un sourire aux lèvres. j'ai l'impression que son regard me transperce de part et d'autre.

— Marché conclu. Je ne voudrais pas que tu fasses plus de cauchemars en t'imaginant je ne sais quoi sur nos activités.

Je bloque face à sa déclaration. Il ne dément pas mon hypothèse sur un potentiel business illégal, mais en plus de ça il évoque une partie bien précise de mon existence depuis quelques jours. Mes yeux se plissent, suspicieux.

— Comment tu sais que je fais des cauchemars ?

— A ton avis ?

Ce pourrait-il que ... ? Non, c'est inenvisageable.

Mon trouble doit se lire sur mon visage puisqu'il finit par enchaîner :

— Tu hurles quasiment chaque nuit.

Je me sens soulagée tout d'un coup, mais légèrement honteuse également. Ça ne règle en rien la question qui me travaille depuis mon échange avec Kent  : qui se trouve dans ma chambre la nuit ? Est ce que pendant un très court instant j'ai imaginé être dans les bras de ce grand brun ténébreux ? Oui. Mais je n'admettrai rien de plus.

Il doit prendre mon mutisme comme un aveu implicite puisqu'il se dirige vers la porte de la chambre en m'intimant de le rejoindre.

— Viens avec moi, je vais te présenter Alana. Tu devrais pouvoir t'entendre avec elle, je suis certain qu'au fond vous n'êtes pas si différente l'une de l'autre.

Pleins de questions me viennent en tête. Qui-est-elle ? Où allons-nous ? Pour quoi faire?

— Détends-toi, tu vas faire fuir les clients avec cette tête.

Mes sourcils se froncent.

— J'aimerais bien t'y voir ... clients, mais de quels clients on parle au juste? baragouiné-je.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant