Chapitre 40 p2

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Devon 

— Tu me cherches ? m'interroge Jack.

Question à double tranchant. Il sait manier les mots aussi bien que les armes.

— J'ai besoin de m'entretenir avec toi.

— Retrouve-moi dans mon bureau. Et toi, dit-il à Bones, tu fais ce que je t'ai demandé, compris ?

La mâchoire de mon frère se serre, signe d'une tension palpable. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit ni ce qu'il est supposé faire, mais son attitude va finir par lui causer de sérieux emmerdes.

Jack n'attend pas sa réponse et prend de l'avance en partant en sens inverse.

— De quoi il parle ? interrogé-je Bones

Son regard fuit le mien.

— Rien. C'est bon, j'ai à faire.

Son regard fuit le mien. Le retenant par le bras, je l'examine, tentant de lui soustraire la moindre information supplémentaire.

— Bones, mec, ne fait pas le con. Je ne sais pas ce qu'il t'arrive ni ce que tu fous, mais je ne pourrais pas assurer des arrières si tu ne me dis pas ce qu'il se passe.

Il me scrute à son tour, je le sens prêt à capituler lorsqu'il amorce un pas vers moi.

— Devon, tu ramènes ton cul ? J'ai pas que ça à foutre d'attendre que tu daignes ramener ta belle gueule ! s'écrit Jack un tantinet agacé.

Le visage de Bones redevient instantanément impassible.

— On n'a pas terminé cette conversation, toi et moi. Faut qu'on cause, le préviens-je.

Sans me répondre, ce dernier se retourne et décampe.

Qu'est-ce qu'ils ont tous à agir bizarrement comme ça ?

Je peine à rattraper Jack, et le trouve dans son bureau à ranger précipitamment un porte-document épais.

Encore des choses qu'il me cache.

Ça ne loupe pas, il ferme le tiroir de son bureau avec la clé qu'il porte sur une fine chaîne autour de son cou.

— Entre, assis-toi.

Son ton se veut accueillant, mais je décèle l'ordre plus qu'une proposition dans sa voix. Je m'installe, m'affalant dans le fauteuil en vieux cuir qu'il me désigne.

— Tu me fais penser à moi, à ton âge, lance-t-il son regard focalisé sur moi. Fougueux, impétueux...

Ses yeux vairons ainsi fixés dans les miens sont déstabilisants. J'entends déjà la « mais », piquant comme un scorpion.

— À la différence, que moi, je respectais les ordres. J'avais du respect pour mon supérieur et je n'allais pas délibérément à l'encontre des interdictions.

Je déglutis difficilement. Je vois parfaitement où il veut en venir. Elena. Je ne sais pas comment il peut déjà être au courant, mais il n'a pas perdu son aptitude à dénicher toutes les infos en un claquement de doigts. Je repense brièvement à Ryder et Brett qui se sont fait un malin plaisir de me narguer. On aurait dû être plus discrets ! Il est trop tard pour avoir le moindre regret, surtout après la nuit passée.

— Je pensais avoir été clair.

— Moi aussi. Sauf ton respect, je baise qui je veux.

La grande inspiration qu'il prend ne me dit rien qui vaille, mais concrètement, il n'a pas à diriger cette partie de ma vie. Sauf à ce qu'elle mette en péril ma loyauté et la sécurité du club. Je le vois presque tremblant, tant la frustration de la situation met à mal le peu de contrôle qu'il détient sur lui.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant