Chapitre 37

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Elena

Cette sensation d'être sur un petit nuage ne me quitte pas. Toujours étendue sur mon lit, entre les bras musclés de Devon, un sourire niais sur le visage, je profite de l'instant. Si l'on m'avait dit que je finirais dans le même lit que Devon, je ne l'aurais pas cru. Non. Il est si... et moi si... enfin, nous sommes tellement différents.

Et pourtant, je me sens bien avec lui. Les nombreux orgasmes qu'il m'a donnés aident forcément à ressentir cette béatitude, mais il y a ce petit quelque chose entre nous qui consume tout sur son passage. Un feu ardent, qui j'espère ne s'éteindra pas aussi vite qu'il nous a embrasé. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi enlacés. Le souffle de Devon devient régulier, me laissant penser qu'il s'est endormi. À peine mes yeux tombent sur son membre que ce dernier réagit me suggérant le contraire.

— Sérieusement ? Tu es insatiable.

— De toi ? Oui.

— Arrête ton char. Tu l'as sorti à combien de filles cette disquette ?

— Qu'une seule.

Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un rire léger et je me redresse, prenant appui sur mon coude. Son regard sombre, chargé de nouvelles promesses, me fixe intensément. Je me sens déstabilisée par l'émotion qu'il fait naître dans ma poitrine, comme si je pouvais me perdre dans le bleu profond de ses yeux. Cet homme est un véritable paradoxe. Il peut être glacial, distant, et l'instant d'après, devenir incroyablement sincère, intense, et envoûtant. Je n'arrive pas encore à saisir pleinement ce qui est en train de se passer entre nous.

Ce qui m'arrive.

Je refuse de m'attarder sur ces pensées, de disséquer les sentiments qui se bousculent. Je ressens un besoin urgent de changer de sujet, de détourner la conversation vers des banalités qui ne m'affectent pas autant sur le plan émotionnel. Je sais qu'il viendra un moment, lorsque je serai seule, où je devrai me résoudre à affronter l'emprise qu'il exerce sur moi. Mais pour l'instant, je choisis de repousser cette confrontation inévitable. Nous n'avons pas besoin de mettre de mot sur ce qu'il se passe. Pas pour le moment.

— Tu n'as rien d'important à faire aujourd'hui ?

— J'ai tout un programme pour explorer ce corps, lance-t-il d'un ton charmeur en balayant mon corps d'un regard sombre.

Il arrive à me faire rougir alors que nous avons fait des choses peu catholiques les heures passées.

— Arrête ! Sérieusement. Je ne pensais pas que tu étais le genre de gars à rester au lit.

Il finit par lâcher un soupir, son humeur change instantanément, me donnant l'impression que quelque chose ne va pas, comme si une réalité le rattrapait.

— Touché. Il va falloir que je bouge. Je n'en aurais pas pour longtemps.

— Les fameuses affaires du club.

D'un signe de tête, il obtempère.

— Il faut qu'on aborde d'un sujet avant.

Son air sérieux me prend au dépourvu. Il se redresse et sort du lit, prenant le temps de s'habiller, comme s'il cherchait ses mots.

Un homme qui cherche ses mots? Ce n'est jamais bon signe.

Je reste dans l'attente qu'il daigne enfin abréger ce suspens qui devient de plus en plus oppressant.

— Sur ce qu'il s'est passé entre nous, continue-t-il sans pour autant me regarder.

Mon cœur loupe un battement. J'appréhende ce qu'il s'apprête à me dire. Je note qu'il utilise déjà le temps du passé. S'il me lâche un « c'était bien sympa, merci au revoir », je crois que je ne tiendrai pas le coup. Mes émotions sont comme un raz de marée que je me prends en pleine figure. Je suis attachée à lui. Par je ne sais quel miracle, je parviens à rester de marbre et soutenir son regard lorsqu'il daigne enfin me faire face.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant