Chapitre 49

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Elena

Je me sens vaseuse.
J'ai l'impression que je pourrais vomir mes tripes si j'ouvre les yeux. Mes paupières sont lourdes, ma position me fait mal. J'essaie de me remémorer ce qui a pu me mettre dans un tel état, mais à chacune de mes tentatives mes idées deviennent de plus en plus confuses.

— Ele... entends-je au loin, Ele... réveille-toi !

Un bruit de frottement, comme si quelque chose traînait sur le sol, me parvient.

— Ele réveille-toi, il faut qu'on sorte d'ici !

Cette fois, je reconnais la voix d'Alana et mes yeux s'ouvrent en grand, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. La faible luminosité et cette odeur de renfermé et d'humidité me tordent instantanément l'estomac. Un simple regard sur ce qui m'entoure me confirme que je connais cet endroit.

Non, dites-moi que c'est un cauchemar.

La panique me submerge, je rencontre les yeux d'Alana... ma sœur. Et tout me revient en mémoire. Les larmes me montent, ma poitrine se contracte, ma respiration s'affole.

— Hé, calme-toi, je suis là, OK ?

Aucun son ne sort de ma bouche, j'en suis incapable. Je me redresse, prends appui sur ce matelas miteux qui n'a pas changé de place, comme si le temps s'était suspendu, attendant mon retour. Des bribes de souvenirs menacent de refaire surface.

— Je ne comprends pas ce qu'il se passe, Ryder et Brett sont des partisans de mon père. On va s'en sortir, y a forcément une explication.

Brett, l'homme qui peuple mes cauchemars depuis des semaines. J'ai l'impression que son odeur me colle à la peau, et que sa voix résonne encore à mes oreilles avec la simple prononciation de son prénom. Un frisson parcourt mon corps, et la bile me remonte. Dans un élan, je parviens à me relever suffisamment pour cracher cette remontée acide à quelques centimètres du matelas miteux. Je n'ai rien dans l'estomac, cette sensation est atroce. La tête me tourne, prise de vertige, il me faut quelques instants afin de retrouver la maitrise de mon corps.

Le son familier de la porte métallique qui s'ouvre me parvient. Mes paupières se ferment d'appréhension. L'air semble tout d'un coup plus lourd, irrespirable.

— Comme on se retrouve poupée.

Cette voix...

— Brett, c'est quoi ce bordel ? s'insurge Alana.

Je ne bouge pas d'un cil. J'ai bien trop peur de rencontrer ce regard qui hante mes nuits, de rendre tout ça réel. Pour autant, je le sens s'approcher, mon corps réagit, des frissons parsèment ma peau, d'effroi.

— Quand mon père va savoir que tu nous retiens, tu ne vas pas faire long feu, connard ! lâche Alana, sa voix tremblante de colère.

Son rire à lui est glacial. Il continue d'avancer, ses pas lourds, traînant sur le sol poussiéreux, augmentent ma panique. Je ne le vois pas, je refuse de jeter un regard dans sa direction. Ma respiration se meurt sur mes lèvres, mes mains se crispent, et je lutte pour garder une once de contrôle sur mon esprit.

— Tant de vilains mots dans une si jolie bouche. Je vais laisser passer, après tout, tu m'as permis de lui mettre la main dessus. Venir me trouver pour ta petite escape s'avère avoir été le plus beau des hasards. Un jeu d'enfant d'imaginer comment vous alliez vous faire la malle, la moto de ce nègre était un pari, mais j'ai vu juste. Prévisibles.

Un frisson me parcourt l'échine. Il était en chasse et elle lui a donné la meilleure des pistes. Je sais de quoi il est capable, Alana n'a pas l'air de se rendre compte du prédateur en notre présence. L'adrénaline parcourt mes membres, me faisant relever la tête, décidée à affronter ce monstre.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant