Chapitre 1

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Elena

Ma tête me lance. Mon cœur bat toujours contre mes tempes. Une odeur âcre agresse mes narines. Avec difficulté, j'essaie d'ouvrir les paupières. Il fait toujours sombre. Pour autant, j'ai le sentiment que je ne suis plus dans le fond de ce bar miteux où je me suis arrêtée dans la soirée.

Où est-ce que je suis ?

Je n'entends pas le moindre bruit, le silence s'impose à moi. D'un côté, cela me rassure de ne plus être en présence de cet homme à l'haleine mentholée. Le souvenir de son corps contre le mien, de ses mains et de sa langue me parcourant l'épiderme me fait frissonner.

Que s'est-il passé ? J'ai dû perdre connaissance. Mais pendant combien de temps ? Qui est-il ? Qu'est-ce qu'ils me veulent ?

Je sais que cet homme n'agissait pas seul. Ils sont au moins trois dans l'histoire. Mon esprit s'éclaircit, les effets de la drogue semblent s'être dissipés. Je repense à cet homme qui est entré avant que je ne perde connaissance et à ce « Il » qu'il a laissé planer comme une sombre menace.

D'instinct, ma main se pose sur le sommet de mon crâne. Mes cheveux sont poisseux. Je n'ai pas besoin de la voir pour comprendre cette texture visqueuse sur le bout de mes doigts. J'ai été assommée et la violence de l'impact sur mon crâne se rappelle à moi. Le simple toucher de cette zone sensible me tire une grimace de douleur. Confuse, la tête me tourne.

Allongée sur le matelas sale et humide sur lequel on m'a déposée ou peut-être jetée, je décide enfin de me lever. Engourdie, courbaturée, la douleur qui me terrasse m'indique que j'ai dû rester dans cette posture bien plus longtemps que je ne le pensais. Cependant, je suis soulagée de constater que je suis toujours habillée.

Il me faut un temps pour trouver mon équilibre, mes jambes chancellent sous mon poids. À la recherche de la moindre issue, mon regard arpente la pièce. Malgré la faible luminosité, j'aperçois une porte en fer devant moi. Point positif, je suis enfin libre de mes mouvements, rien n'entrave mon corps.

Avant de faire le moindre mouvement, je tends l'oreille, dans l'attente qu'un vacarme extérieur trahisse une présence. Seul le silence me répond. Je décide de me rapprocher de mon unique échappatoire. Cependant, je remarque qu'il n'y a pas de poignée sur la porte métallique. Ce constat me fait monter les larmes aux yeux. Les battements de mon cœur s'intensifient, résonnant jusque dans mes oreilles. Un sentiment de malaise s'empare de moi. Je suis à nouveau prise au piège sans aucun moyen de me sortir d'affaire.

En même temps, ça aurait été trop facile...

Je suis toujours à la recherche d'un son, d'une indication qui m'apprendra où je me trouve. Mon oreille vient se poser contre la paroi froide d'acier. Toujours rien. Je suis la protagoniste d'un mauvais film et en général ça ne finit jamais bien. Ma détresse face à cette situation me submerge d'un coup, j'ai envie d'appeler à l'aide.

C'est ça, crie, qu'on vienne t'égorger ou pire.

Je lis beaucoup et j'ai bien conscience que je ne souhaite en aucun cas voir débouler un fou furieux irrité par le tumulte provoqué par mes hurlements. Soudain, des bruits de pas lourds se font entendre. Je ne parviens pas à discerner la distance qui me sépare d'eux, mais ravalant toutes paroles, je recule avec beaucoup de discrétion, puis retourne près du matelas. Je presse mes lèvres l'une contre l'autre, pour m'empêcher d'émettre le moindre son. La fraîcheur de la pièce contre mes bras nus me donne des frissons, éveillant mes sens à la réalité de mon environnement.

Je ne comprends vraiment pas ce que je fais là. Je fais un récapitulatif de la soirée à toute vitesse.

J'ai conduit, sans trop savoir où j'allais, pendant plusieurs heures.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant