Chapitre 22

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Devon

Son regard me percute de plein fouet. Cette situation me déstabilise. Je ne sais pas quoi lui répondre.

Qu'est-ce qui m'a pris ?

J'ai disjoncté. En la voyant entre les mains de Kent, j'ai clairement perdu mon sang-froid. Je venais de rentrer de 3 jours de livraisons pour assurer notre attente avec Antonio. J'ai le pressentiment que tout est bien trop plat ces derniers temps. Il y a une couille dans le pâté comme j'aime le dire, alors j'ai pris les choses en main personnellement afin d'escorter le convoi de marchandises.

Malgré la fatigue, un détour par sa chambre s'imposait. Et là, la surprise de la trouver vide. Depuis qu'elle s'investit pour le club en faisant les services du soir au club, elle peut se balader quasiment partout dans l'enceinte du club. Les mecs savent qu'elle n'a en aucun cas le droit de sortir alors je lui permets d'avoir ce bref sentiment de liberté.

Je lui permets...

Comme si je disposais d'un quelconque droit sur elle. C'est pourtant plus fort que moi, je m'octroie cette prérogative. Ce que je lui ai dit quand nous étions dans sa chambre était la pure vérité. Elle est partout, elle ne quitte jamais vraiment mon esprit et ça a le don de m'énerver au plus haut point. Je ne me sens plus aussi concentré sur le business qu'avant de la connaître. Je ne me reconnais pas dans mes réactions dès qu'elle a un lien avec une décision que je dois prendre, ou encore dès que je suis en sa présence.

Je n'aurais pas dû me laisser aller avec elle. Pourtant ses lèvres sont un putain d'appel au péché. J'ai bien tenté de résister, mais elle m'obsède. Si elle ne nous avait pas interrompus, je sais très bien comment ça aurait fini : je l'aurais prise dans tous les sens du terme.

Sa fuite était ma chance de m'en sortir avant de faire plus de dégâts. La mission tombait à point nommé pour me divertir, me vider la tête. Et pourtant... bordel ma tête et mon cœur sont restés au club.

Mon cœur... mais qu'est-ce qu'il m'arrive de penser comme une femmelette ?

Lorsque j'ai vu Kent de dos, avec la petite brune qui hante mes pensées, devant lui, presque dans ses bras, mon sang n'a fait qu'un tour. J'ai eu des envies de meurtres envers mon sergent d'armes. Le temps d'arriver à leur hauteur, j'imaginais mille façons de lui faire payer ce rapprochement. J'avais bien stipulé que personne ne pouvait la toucher. Mais que dire quand je me suis rendu compte que ce n'était en rien une étreinte entre eux? Non, il la maintenait d'une main par le cou. Avant que je ne m'en rende compte, je lui ai sauté dessus pour l'empêcher de lui faire du mal. C'était viscéral j'ai fait ce que je sais faire de mieux ; j'ai cogné.

Alors qu'elle part en accompagnant Waren qui pisse le sang, je suis de nouveau frustré. Elle ne daigne même pas m'adresser un regard. Toute trace de ce que l'on a pu vivre ensemble quelques jours plus tôt ayant disparu. Si elle le prend comme ça, c'est pas plus mal. C'est même mieux, je dirais. Finalement, pas besoin de me prendre la tête pour une nana pareille.

Me tournant vers Kent, je l'observe qui reste impassible face à la situation. Il m'a rendu coup pour coup, mais j'ai le sentiment en l'observant qu'il ne m'en tient pas rigueur.

— Mec, je pensais... commencé-je

— C'est bon, j'aurais dû t'en parler, me coupe mon sergent d'armes. Elle m'a demandé de l'aider à apprendre deux ou trois trucs. Rien de plus.

— Peu importe, je n'aurais pas dû réagir comme ça.

— Ça c'est clair mec, nous interrompt Scott. Je ne sais pas ce qu'il se passe en ce moment dans ta tête, mais va vraiment falloir que tu te reprennes.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant