Chapitre 43

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Devon

Mon sang pulse dans mes veines et les battements de mon cœur sont si puissants que j'en perds l'audition quelques microsecondes.

— OH BORDEL ! s'écrit une voix dans le noir que je reconnais immédiatement.

Jared.

Je ne sais pas si je suis soulagé que ça ne soit que lui ou si au contraire ça ne pouvait pas être pire. Avec notre précédente conversation, autant dire qu'il peut aisément se douter que je ne suis pas dans le bureau de son père pour passer le temps, mais bien pour trouver les informations qu'il me manque. Je me maudis de ne pas avoir refermé à clé cette foutue porte. En revanche, il n'a pas à se trouver dans le bureau de son père en son absence.

— Qu'est-ce que tu fous là ? l'interrogé-je, tentant de masquer ma surprise par de l'agressivité.

Jared ne se démonte pas et entre dans la pièce, refermant la porte du bureau à sa suite. L'obscurité nous enveloppe de nouveau, et il me faut quelques instants avant que la lumière extérieure me permette de le distinguer.

— Je pourrais te poser la même question, Devon. Ce n'est pas ton bureau.

Je serre les poings, prêt à en découdre.

— Et ce n'est pas le tien non plus.

Un rictus amer déforme ses lèvres.

— Non, juste celui de mon père. Pas que ça compte pour grand-chose.

Nous nous dévisageons, sur la défensive. Je suis vraiment dans la merde. Autant bluffer et tenter de tirer mon épingle du jeu.

— Je n'ai pas de comptes à te rendre, si ton père n'a pas jugé bon de t'en parler c'est qu'il avait surement ses raisons.

Putain je me mets à le citer maintenant. De pire en pire.

Je m'enfonce. Ma diversion lui tire un sourire.

— Et tu fais tes petites affaires dans le noir ?

Le silence qui suit est lourd. Je sais qu'il sait. Pour autant trop en dire c'est clairement se tirer une balle dans le pied.

— Pourquoi es-tu vraiment là, Jared ? tenté-je d'une voix plus neutre, l'invitant presque à la confidence.

Il semble hésiter, cherchant ses mots tout en soudant mon regard. J'ai le sentiment qu'il pèse le pour et le contre. Pendant un instant, je retrouve mon ami, ses yeux ne sont plus emplis de la haine qu'il me réserve depuis que je suis passé vice-président du club.

— Je t'ai suivi.

— De mieux en mieux.

— J'ai vu ta réaction lors de la dernière réunion au messe. Mon père semble ne plus te faire confiance.

— Et donc tu me surveilles ? Comme si j'étais un putain de traître !

— Moins fort, souffle-t-il tout en jetant un coup d'œil sur la porte close derrière lui. Ce n'est pas ce que je voulais dire. J'ai de plus en plus de mal à le suivre dans ses changements, ses humeurs et sa manière de faire, comme si seul son avis comptait. Je ne cautionne pas ce vers quoi nous allons. J'ai eu l'impression que tu partageais mon avis, et je te retrouve, là, dans son bureau à fouiner. Alors je me dis que j'ai vu juste, je me trompe ?

Soupçonneux, je le dévisage. Il y a quelques heures encore, il m'attaquait, frontalement, devant les gars, sous prétexte que j'avais fait une sortie avec Elena. Le voilà maintenant, face à moi, pour dénigrer son père, mon pres'. Pour autant, je sens dans son regard que ce qu'il me confie est vrai. Sa franchise n'est pas feinte.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant