Chapitre 41

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Elena

Lorsque j'ouvre les yeux, ma main cherche la présence de mon beau brun. Je n'ai pas regagné ma chambre depuis que nous avons succombé il y a de ça une bonne semaine. Devon a tenu à ce que je m'installe dans sa « piaule » comme il l'appelle sous prétexte que c'est plus sûr pour moi et que personne n'osera venir m'y emmerder. Ce sont ses mots. En réalité, j'ai plus l'impression que c'est une excuse pour me garder sous bonne garde et surtout, pour s'infiltrer dans mon lit — enfin son lit — à la nuit tombée.

J'ai dit lit ? Pas seulement, chaque centimètre carré a pu être baptisé, y compris le lavabo de la salle de bain, où je me suis découvert une certaine souplesse insoupçonnée. J'aime sa fougue, le désir que je vois dans ses yeux, son imprévisibilité et parfois même la brutalité dont il peut faire preuve sans jamais aller au-delà de mes limites. Il sait se montrer attentionné, très attentionné. La sensation de sa langue parcourant mon corps et particulièrement une certaine zone me laisse toute chose. Comment un homme peut-il faire de telles choses avec ce petit muscle ? J'ai eu quelques copains avant lui, mais aucun n'a su me faire le même effet. C'est comme si mon corps s'activait à son toucher, sa présence. J'ai la sensation de vivre dans un rêve auquel j'ai trop peur de penser au risque qu'il disparaisse.

Son côté de lit, froid, m'indique qu'il n'est plus là depuis quelques heures déjà. Renfrognée, je finis par me lever.

Qu'est-ce qu'il avait de si important à faire pour se lever avant 8 h ?

Il y a bien une ombre à notre idylle naissante si je peux ainsi définir nos moments ensemble. Sujet sensible, je n'ai pas réellement envie de mettre de mot sur ce que nous sommes. Donner un quelconque qualificatif serait comme rendre réels des émotions et des sentiments que je ne suis pas prête à accepter. Nous avons commis l'impensable en oubliant de nous protéger, et pourtant je ne regrette rien. Ça en dit long sur ce qu'il se passe dans ma tête. Ce fut la seule et unique fois où un tel manquement a eu lieu. Depuis, Devon veille à avoir chaque recoin de sa chambre équipée d'un petit carré en aluminium.

Prêts en toute circonstance, comme il aime le dire !

Si je le sens proche et investi dans notre sport de chambre, je le trouve tendu et mystérieux quant au reste. Il parle très peu de ce qu'il se passe dans sa tête, sous prétexte que ça concerne le club et que les femmes n'ont pas à savoir quoique ce soit. Pour autant, j'ai l'impression que ça va au-delà. Comme si une fois sortit de notre bulle, il prenait ses distances. J'ai l'intime conviction que mes récentes révélations quant à Jared et ce que je lui ai révélé concernant l'entrepôt sont en lien, mais je ne peux l'affirmer avec certitude.

Peut-être que je me fais peut-être des films. Peut-être qu'il fait juste diversion pour que le reste des gars du club ne posent pas trop de questions. Pour être honnête, il faudrait être stupide pour ne pas comprendre qu'il se passe quelque chose entre nous alors que je dors toutes les nuits avec lui.

Je me trouve en terrain glissant, alors je prends ce que je peux et j'applique une fois de plus ma technique favorite : celle de l'autruche.

Je n'ai rien de prévu aujourd'hui, Alana a trouvé une nouvelle danseuse qui fait également le service du midi au bar. Devon n'est surement pas étranger à tout ça. Il m'a fait comprendre que mon petit spectacle était un show unique, et que ça ne se reproduirait plus... avant de me prendre aussi sauvagement que l'exige sa possessivité.

— Elena ! T'es là ?

Je reconnais sans mal la voix d'Alana doublée des coups contre le battant de la porte. Je me presse d'aller lui ouvrir.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant