Chapitre 23

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Elena

Alana n'est peut-être pas ma grande copine, mais repérer une femme en mauvaise posture me révulse. Je ne souhaiterais jamais le calvaire que j'ai subi, même à ma pire ennemie.

Mon sang ne fait qu'un tour quand ce gros lard l'empoigne par la taille. Malgré ses multiples demandes, le type ne relâche pas sa prise et la maintient contre lui. Je vois à son attitude qu'elle commence à paniquer. J'imaginais qu'elle pouvait être habituée à ce type de situation et plus encline à pouvoir se défendre. De ma position, ce n'est vraiment pas l'impression qu'elle me donne. J'ai appris au détour d'une conversation qu'elle était la fille du Président de ces motards. Tout le monde en parle, mais je n'ai toujours pas vu ce « Boss ». Le peu que j'en sais me confère le sentiment que c'est un chef qui inspire la crainte et le respect. Il est, peut-être, la clé pour me faire sortir d'ici. Après tout, j'ai sauvé la vie de l'un de ses hommes, ça a l'air de compter.

Je rejoins Alana à grands pas, en me plaçant à ses côtés, et m'empresse d'invectiver ce lourd de la laisser tranquille.

— Qu'est-ce que tu veux toi ?

— Lâchez là immédiatement, le menacé-je, mon index pointé dans sa direction.

Le con se met à rire sous ma tentative d'intimidation. Intérieurement, je ne fais pas la fière. Il fait deux têtes de plus que moi, presque aussi haut que large. Je garde pourtant la tête haute, avec une expression, je l'espère, pleine d'assurance.

— Et sinon tu vas faire quoi, ma jolie ?

C'est quoi cette manie de donner des surnoms aux femmes à tout va?!

Ça, tu ne veux pas le savoir mon gros !

Alana écarquille les yeux sous mon culot, et secoue imperceptiblement sa chevelure de droite à gauche face à mon audace ou mon inconscience. J'espérais qu'il la lâche ? Et bien, c'est chose faite. Aussi doux qu'une brute, il manque de la faire tomber dans sa tentative d'approche vers moi. L'un de ses collègues l'attrape par le bras. Quelques centimètres seulement nous séparent. Mon pouls s'accélère. J'ai vraiment le chic pour me retrouver dans des positions merdiques.

— N'agis pas comme un con. Tu sais où on est.

— Et alors ? Cette pute mérite une bonne leçon ! s'emporte-t-il

Apparemment, c'est moi la concernée. Après l'hésitation face à la situation, la colère remplace peu à peu ce sentiment de malaise.

Je n'ai pas le temps de réfléchir plus, le gros lard s'empresse de me saisir par le bras, tentant de m'atteindre à la gorge avec son autre main.

Surprise, mon premier réflexe est de me débattre. Sa poigne, ferme, enserre mon avant-bras, j'ai la sensation que la pression qu'il exerce sur ce dernier va finir par me le briser. Je dois trouver un moyen de me défaire de sa prise. Des flashs de mes entraînements avec les garçons me reviennent à l'esprit. À ce moment précis, j'ai l'impression que c'est utopique d'imaginer que je vais pouvoir appliquer les techniques de Kent sur un type de ce gabarit. Et pourtant, il va bien falloir que j'agisse. Je jette un rapide coup d'œil autour de nous et personne ne semble s'intéresser à ma situation, hormis Alana qui s'engueule avec le groupe d'hommes.

— Tu fais moins la maline là, hein ? Tu vas voir ce que je fais aux p'tites connes de ton genre.

Instantanément, mon corps se raidit.

Hors de question qu'il pose une autre sale patte sur moi. Alors qu'il approche sa seconde main, je l'intercepte d'un coup d'avant-bras et envoie le plat de ma paume dans sa figure. Surpris, il desserre mon poignet me permettant de faire une rotation de mon buste et de lui infliger un grand coup de pied dans les génitales.

Black Shadow : l'écho des secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant