13 : Solitude et incertitudes

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   Les journées sans Ijémé étaient des tortures. A chaque fois que la jeune fille se réveillait elle se souvenait des fois où elle donnait à manger à sa jeune amie et elle se souvenait surtout qu'à présent elle ne pouvait plus le faire.

 Cela lui faisait tellement mal et la solitude était surtout encore plus présente qu'avant, mais que pouvait-elle faire contre ? Rien.

   Emeraude se décida alors à s'intéresser au fascicule que lui avait donné Téofilé. C'était un musée qui se trouvait dans la banlieue est de la capitale. Il présentait des expositions des arts-martiaux anciens de shujaa et était ouvert tous les jours. Emeraude se dit qu'elle pourrait y aller.

  La pauvre jeune fille ne sortait jamais de cet énorme château, elle faisait tous les jours la même chose et cela commençait sérieusement à l'ennuyer.

  Lorsque sa conseillère entra dans sa chambre elle lui présenta directement le fascicule.
La shujaa l'examina par deux fois avant de regarder sa protégée étrangement.

- Où avez-vous trouvé ceci ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils

- Dans les cadeaux des jeunes hommes du bal, l'un d'eux m'a offert ce fascicule et j'ai trouvé que ça pourrait être intéressant, dit simplement la violoniste.

- Vous voulez visiter un musée ? s'étonna-t-elle toujours avec les sourcils froncés, comme si ce qu'elle disait était bizarre

- Oui j'aimerai bien. Pourquoi trouvez-vous ma demande étrange ? C'est un mauvais musée ?

- C'est un très bon musée, de ce côté là il n'y a rien à dire. Ce qui me semble étrange, c'est qu'une princesse aille dans un musée. Ce n'est encore jamais arrivé.

   Emeraude se questionna sérieusement.

- Les princesses n'ont-elles pas le droit d'aller où elle le soit quand elle le soit, demanda Emeraude.

- A priori,  oui. Mais le fait est qu'aucune princesse n'a jamais eu l'envie d'aller dans un musée. En fait, en général les gens de la noblesse ne vont pas dans des musées parce qu'ils sont généralement visités par des gens du peuples. C'est pour ça que votre demande m'a étonné. Je trouve que ce n'est pas digne d'une princesse de se promener entre tous les gens du peuple, dit Milly pensive.

Emeraude ne pensait pas comme ça et avait tellement envie d'y aller pour changer.

-  Acceptez-vous que l'on y aille ? demanda Emeraude qui était confiante

-  On verra. Bref, je ne vous ai pas encore expliqué le programme de la journée. Certes, aujourd'hui vous n'avez pas cours, mais d'autres choses ont été prévues pour vous. Tout d'abord vous irez faire une balade dans les jardins du château avec Bowé à la demande du président du centre-sud et du roi et ensuite ce dernier vous a invitée à manger le souper avec lui.

  Cela énerva tout d'un coup la jeune fille. Une grande et puissante colère se logea dans son cœur, mais s'en alla rapidement. A quoi bon ? se dit-elle à elle-même.
A quoi cela servait qu'elle soit énervée ou cherche à comprendre si de toute façon, elle ne pouvait rien y changer et ne devait que subir la vie qui lui était prédestinée.

  Alors, à quoi bon se battre si la guerre était déjà perdue avant même sa naissance ?

                                                                                       *

   Emeraude se débarbouilla, s'habilla, se coiffa, rangea sa chambre et se regarda dans un miroir.
 Se reconnaissait-elle encore ? Était-elle encore la même que lorsqu'elle était venue sur Dhahabu ? Avait-elle autant changé ?

Le jour où tout a changéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant