Les cours avaient repris. Une certaine routine était revenue et Emeraude commençait à l'apprécier.
Elle avait ses cours, ses devoirs, ses petits examens et quelques cours de combat avec Téofilé. Oui, parfois ses cours étaient tendus, l'énervaient et elle avait envie de tout arrêter, mais n'était-ce pas la vie normale d'une adolescente ?
Avait-elle enfin trouvé un équilibre dans sa vie ? Les cours tous les jours, le violon comme passion, le combat comme activité extrascolaire, une famille représentée par son grand-père et sa conseillère constamment avec elle, des amis représentés par Epo et Mopo et une histoire d'amour compliqué et impossible façonné par sa relation avec Bowé. Ne devrait-elle pas se sentir heureuse d'avoir retrouvé un semblant de normalité dans sa vie ?- Alors qu'en pensez-vous ?
Elle se trouvait dans le salon rond où se trouvait la bibliothèque.
- C'est un début de semaine comme les autres, ironisa-t-il.
Emeraude sourit. Si seulement elle pouvait ne pas avoir l'impression d'être la seule à souffrir.
Epo et la princesse étaient assis sur les fauteuils de la pièce fraîchement redécoré par l'adolescente pour y rajouter un côté plus convivial et chaleureux.- Je suppose, à un détail près, que je suis une princesse et que ce détail change tout,
- Et puis si on prend le positif de tout ça, c'est que vous allez vous marier.
- Avec un potentiel tueur, rappela-t-elle.
- Et que vous deviendrez reine.
- J'obtiendrai un grand pouvoir que je suis incapable de gérer, fit-elle remarquer.
- Mais vous resterez riche.
- L'argent ne fait pas le bonheur, expliqua l'adolescente.
- Au moins vous ne serez jamais seule. Il y a toujours votre conseillère, un domestique ou un garde quelque part, tenta-t-il de rassurer.
- A quoi bon si à part les conseils douteux de Milly personne ne parle, rectifia-t-elle.
- Voyez un peu le positif de tout ça, vous habiterez toujours dans un château. N'est-ce pas déjà assez ? Qui ne voudrait pas habiter dans un endroit pareil ? fit-il remarquer
- Malheureusement pas moi, mais je plombe l'ambiance. Pensons positif, j'habite dans un beau château, je suis entourée de pleins de gens qui me veulent du bien, j'hériterai d'une énorme fortune, je deviendrai reine et je vais bientôt me marier, alors que je n'ai que dix-sept ans, mais tout ça ne reste qu'un détail.
- Et voilà. Ce n'est pas si compliqué de voir la vie en jaune, souria-t-il.
- Sur Terre on dit la vie en rose. Mais peut importe, voyons la vie en jaune, souria-t-elle aussi.
Les deux jeunes rigolèrent soudainement. Ils savaient tous les deux pertinemment que c'était un peu beaucoup, passionnément, à la folie du grand n'importe quoi. Mais tout ça restait drôle si on le voyait autrement.
- Vous n'avez vraiment pas la vie facile, continua-t-il à rire.
- Elle est plutôt pourrie, mais il faut faire avec. Un jour tout ira mieux, non ?
- Quand on voit la vie en jaune, rien ne peut mal se passer.
- C'est pour ça que vous êtes si drôle ? rigola-t-elle
Tout d'un coup, il s'arrêta de rire, comme si elle avait trouvé le point sensible d'Epo. Comme si elle avait fragilisé ce faible fil qui l'empêchait de le montrer. Il eut un long moment de silence avant qu'il n'ose casser le silence brutalement avec une voix plus grave.
- Je vais devoir retourner à l'armée pour deux ans. Ma mère me l'a obligé, vu l'échec que je représente pour toute ma famille, dit-il d'un air morose. Je sais que ce n'est que deux ans, mais ça reste deux ans.
- Un échec ? demanda Emeraude qui n'y comprenait pas
- C'est bien de savoir faire rire son public, mais c'est mieux de réussir dans ses études et de trouver un travail. Bref...nous parlions de votre vie, pas de la mienne.
- Non, non. Si c'est important pour vous, nous pouvons continuer à en parler.
- Ce n'est pas important. C'était juste pour vous prévenir de mon futur départ, dit-il en recommençant à sourire.
- Je pourrais peut-être faire quelque chose, convaincre...
- Non, n'en faites rien. Je sais que c'est pour mon bien, mais c'était pour vous montrer les limites de voir la vie en jaune. J'ai beau le faire depuis des années, la vie ne me sourit pas toujours, fit-il remarquer.
Emeraude hocha de la tête. Elle n'était peut-être pas la seule à souffrir. Chacun souffrait chaque jour à leur manière pour des raisons variées, c'est juste que tout le monde savait bien le cacher.
Et peut-être que la solution était de voir différemment, de ne plus voir en nuances de gris.
- L'excès nuit, conclue-t-elle.
- Mais l'espoir fait vivre.
- Vous devriez devenir poète. Ou non, humoriste.
- Quoi ?
- C'est un métier qui existe sur Terre et qui consiste à faire rire les autres.
- Hahaha ! Faire rire c'est un métier ? Les terriens sont des êtres tout à fait étranges. Si seulement penser la vie en jaune pouvait être un métier, ria-t-il aux larmes.
- Je vous aiderai à en faire un métier ! s'exclama l'adolescente qui retrouvait de la joie dans sa vie
- Vous êtes drôle, rigola-t-il.
- Soyons amis, proposa Emeraude.
- Soyons amis, confirma Epo.
VOUS LISEZ
Le jour où tout a changé
Roman pour Adolescents16 ans, violoniste, fille unique, adolescente et un DRING qui changea tout. C'est l'histoire d'Emeraude qui ne s'attendait pas à être prédestiné à devenir la plus puissante de sa planète. D'habitude réservé et insociable, la jeune adolescente se...