Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)

Chapitre 9 - Guérison des Cœurs

« Quand on abandonne et qu'on trahit ceux pour qui on a de l'empathie, on abandonne et ne trahit personne d'aussi réel que soi-même. »

- Russell Banks

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Le midi-même, Jordan se prépara pour aller déjeuner dans un petit restaurant de la capitale. Et il allait y retrouver Gabriel. À son grand regret, ce dernier avait accepté sa proposition de déjeuner. Il aurait préféré qu'il refuse, qu'il lui dise que ce n'était pas une bonne idée. Mais non, Gabriel avait accepté avec enthousiasme, ce qui lui brisa un peu plus le cœur.

Jordan se détestait un peu plus à chaque seconde qui passait. Il ne l'avait pas encore vu, mais il savait déjà qu'il ne supporterait pas de voir le sourire de Gabriel lorsqu'ils se retrouveraient. Il se dégoûtait, se sentant complice de quelque chose qu'il n'aimait pas et qu'il n'avait pas souhaité. Ce qui était d'ailleurs la triste vérité.

Mais il n'avait pas le choix. Il devait protéger sa famille, sa carrière et sa réputation des menaces venant de son propre parti. Les pressions politiques étaient devenues insupportables, et on l'avait mis en garde, s'il ne coopérait pas et ne jouait pas leur jeu, ils n'hésiteraient pas à détruire tout ce qu'il avait construit.

La moindre résistance pouvait entraîner des scandales fabriqués, des diffamations et des campagnes de dénigrement visant non seulement lui, mais aussi ses proches. Il se sentait piégé, contraint de jouer un rôle dans une pièce qu'il méprisait.

C'est alors en traînant des pieds que Jordan prit sa voiture et se rendit dans le 16e arrondissement pour retrouver son ancien ami, Gabriel, le premier ministre. Chaque tour de roue alourdissait un peu plus son cœur.

Il n'avait même pas cherché à contacter des photographes, il avait bien compris que tout était déjà "pris en charge" par Marine et ses sbires. Leur surveillance était omniprésente, et il savait qu'ils ne manqueraient pas de documenter chaque instant de cette rencontre.

En se garant dans l'espace privé du restaurant, Jordan aperçut Gabriel déjà attablé à l'intérieur, absorbé par son téléphone. Son cœur se serra à cette vue. Lorsqu'il leva les yeux et le remarqua, le plus vieux lui fit un signe à travers la vitre, accompagné d'un sourire chaleureux, et le cœur de Jordan se serra encore plus.

Après avoir pris une grande respiration pour se donner du courage, Jordan se décida enfin à entrer à l'intérieur. Jouer la comédie serait difficile, mais il savait qu'il n'avait pas le choix.

- Ah, te voilà enfin ! J'ai failli commencer sans toi, dit Gabriel avec un sourire. Comment tu vas ?

Jordan serra la main que le plus vieux lui tendit, avec une légère crispation, et s'assit en face de lui après avoir déposé sa veste sur la chaise à côté de lui.

- Ça va, un peu stressé pour les résultats du second tour des législatives ce soir, mais sinon tout va bien, mentit Jordan en souriant légèrement. Et toi ?

Tout était loin d'aller bien, au contraire, il traversait même l'une des pires périodes de sa vie. Mais bien sûr, il ne comptait pas lui avouer cela. Il se contenta donc de lui sourire, geste que Gabriel lui rendit avec sympathie.

Le plus vieux haussa les épaules avec un sourire léger.

- On tient comme on peut. Honnêtement, j'ai vraiment besoin de repos. Pour les législatives ce soir, je ne suis pas aussi confiant que toi, mais bon, on verra bien...

Il releva la tête vers lui avant de rajouter quelques mots.

- Ça me fait plaisir que tu aies proposé de déjeuner ensemble, ça me permet de penser à autre chose, avoua-t-il en passant une main dans ses cheveux bruns.