Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)

Chapitre 31 - Ne m'abandonne pas

« L'amour est comme une fleur, douce et belle : une fleur de poison. Il nous apporte des joies et des souffrances. Les joies passent sans dire un mot, la douleur nous déchirent en mille morceaux. »

- M.C. Belley

——

Je te vois partir, emporté par la nuit, 
Sans toi, tout s'effondre autour de moi, 
Chaque instant devient un lourd oubli, 
Je suis perdu sans toi, loin de ta voix.

Jordan se réveilla complètement en sueur, son corps trempé et ses vêtements collant à sa peau. Son cœur battait violemment dans sa poitrine, comme s'il essayait de s'échapper, tandis que ses mains tremblaient encore sous l'effet de l'adrénaline, l'empêchant de reprendre son souffle.

Le brun venait de faire un cauchemar, le plus terrifiant qu'il se souvenait avoir vécu, un abîme de terreur dont il peinait à émerger.

Jordan jeta un coup d'œil à l'heure : 5h57 du matin.

Il soupira en se demandant si cela valait la peine de tenter de se rendormir pour se réveiller une heure plus tard, cette fois par son réveil. Finalement, il repoussa les draps et se leva de son lit, résigné à commencer sa journée.

Il se dirigea vers la salle de bain pour une douche rapide, avant d'enfiler un costume. Avec des semaines de sommeil déjà perturbé, une heure de plus ou de moins n'allait pas faire une grande différence.

Pour son petit déjeuner, le brun se contenta d'une cigarette, ou peut-être deux — il ne savait pas — qu'il fuma sur le balcon, laissant la fraîcheur matinale lui effleurer le visage.

I dreamed that i lost you, and in the morning light, the sorrow felt all too true.
(J'ai rêvé que je te perdais, et dans la lumière du matin, le chagrin semblait trop vrai.)

Jordan venait de rêver que Gabriel venait de perdre la vie.

La veille, sa mère lui avait annoncé sa crise cardiaque, et il avait été anéanti, se sentant complètement vidé.

Il avait naturellement cherché à en savoir plus, mais ses recherches avaient été vaines. Il ignorait où se trouvait Gabriel, s'il allait mieux ou non, et malgré ses tentatives pour joindre les membres de la famille, il n'avait reçu aucune réponse.

Jordan écrasa sa cigarette dans le cendrier, un geste devenu bien répétitif ces dernières semaines.

Ensuite, il se concentra sur ce qu'il savait faire de mieux en ce moment : prendre ses clés de voiture, se rendre au travail et essayer de tout oublier, ne serait-ce que pour quelques heures.

Will i forget you ? By diving into something else to do ?
(Vais-je t'oublier ? En me plongeant dans quelque chose d'autre à faire ?)

——

Jordan ne comprenait pas.

Pourquoi tout le monde le regardait-il avec cet air étrange, des yeux graves comme s'il s'agissait de la fin du monde ?

En traversant les couloirs du siège du Rassemblement National pour rejoindre son bureau, il sentait tous les regards braqués sur lui.

Les « bonjour » qu'il recevait étaient différents, lourds, presque solennels. Mais il décida de ne pas y prêter attention. Son esprit était déjà bien trop accaparé par d'autres pensées pour se soucier de ce qui lui semblait être des détails insignifiants.

Et puis de toute façon, depuis des mois, il avait l'habitude de ces regards étranges, parfois teintés de dégoût.

Depuis que ce qui s'était passé entre lui et Gabriel avait été rendu public par une personne — toujours inconnue à ce jour — ces jugements silencieux étaient devenus son quotidien.