Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)

Chapitre 50 - Un instant répété

« Ce qui attire deux êtres est tellement organique, chimique...c'est impossible à expliquer. Mais c'est également ce genre de mystère qui rend la chose encore plus puissante. L'attirance est quelque chose qui nous dépasse. »

- Gaspard Ulliel

——

« Maintenant que je sais
que je pourrais te perdre,
Je ferais de mon mieux pour te garder
C'était mieux avant peut-être,
on fera tout pour que ça soit mieux après. »
- Orelsan

——

- Jordan, est-ce que tu peux m'emmener là-bas ? Dans ce parc...?

- T'emmener là-bas ? répéta le plus jeune, sa voix terminant en un murmure.

Gabriel haussa les épaules, un sourire timide et un peu incertain se dessinant doucement sur ses lèvres.

Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait dit ça, pourquoi il demandait à retourner à cet endroit, mais à mesure que chaque seconde passait, l'envie de s'y rendre devenait de plus en plus grande.

Ce souvenir, il devait l'admettre, avait quelque chose de doux, presque apaisant. C'était un contraste saisissant avec le désordre présent dans sa vie ses derniers mois, avec tout ce qu'il avait traversé, et il se surprenait à vouloir retrouver cette sérénité. Peut-être que se rendre là-bas lui permettrait de renouer avec cette part de lui-même qu'il avait perdue, cette légèreté qui lui manquait tant.

C'était peut-être stupide, mais il le voulait, presque comme on désire revivre un rêve agréable.

- Oui. Je crois que j'aimerais bien y aller parce que ce souvenir, il est différent, tu vois ? C'est...doux. Et peut-être que si j'y retourne, je pourrais retrouver un peu de ça, expliqua maladroitement le plus âgé.

Jordan fixa Gabriel dans les yeux, pris entre la surprise et une douce envie de sourire.

Ce souvenir, c'était un éclat brillant de sa vie qu'il gardait précieusement depuis que c'était arrivé, un instant figé dans sa mémoire, où chaque détail, chaque geste, chaque frisson avait laissé une empreinte qu'on ne pouvait pas effacer.

Il n'aurait jamais imaginé retourner là-bas, surtout pas avec Gabriel, et encore moins sur sa demande. Après tout ce qui s'était passé ensuite — les photos volées, le scandale médiatique qui s'en était suivi, les regards pesants et les murmures incessants — cet endroit avait pris une autre dimension, presque inaccessible, trop lié à ce qu'ils avaient perdu.

Pourtant, là, face à Gabriel, il avait envie de dire oui à sa demande. Peut-être que revenir sur leurs pas, là où tout avait basculé, pouvait leur permettre de recoller encore un peu plus les morceaux, de retrouver une parcelle de cette simplicité qu'ils avaient autrefois.

- Maintenant ? souffla le plus jeune, un léger sourire aux lèvres.

Pour toute réponse, Gabriel attrapa sa veste qu'il venait tout juste d'enlever, un sourire effleurant ses lèvres.

Jordan rit doucement, attrapant sa propre veste sans un mot de plus. C'était un de ces moments où les mots étaient inutiles : un simple geste, et ils se comprenaient parfaitement.

Dans la rue, Jordan déverrouilla sa voiture d'un clic, tandis que Gabriel patientait légèrement en retrait, les mains dans les poches. En bon gentleman, le plus jeune lui ouvrit la portière avec une exagération assez théâtrale.

- Si Monsieur veut bien se donner la peine, lança-t-il, sa voix prenant un ton excessivement respectueux.

Gabriel rit, amusé, avant de s'installer sur le siège passager. Ce moment ressemblait presque trait pour trait à la première fois qu'ils s'étaient rendus dans ce parc, sauf qu'à l'époque, ils étaient partis de la maison du plus âgé. C'était étrange comme tout semblait se répéter, une sorte d'écho du passé.