Chapitre 20 - J'ai Peur Pour Toi

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« Seuls deux états existent; la peur et l'amour. Toutes nos réflexions prennent racine dans l'un ou dans l'autre. La peur entraîne la tristesse, la colère, l'agressivité et bien d'autres émotions qui ont un effet désastreux sur notre corps. En revanche les pensées générées dans un état d'amour permettent l'harmonie du corps, la réconciliation, l'unité, le bien-être. »

- Maud Ankaoua

——

Ce soir-là, Gabriel attendait Jordan dans le bureau de l'Élysée.

Depuis sa visite médicale, il n'arrêtait pas de toucher sa poitrine, de toucher son cœur, un geste devenu presque un tic.

Les paroles de son médecin résonnaient en boucle dans sa tête : il avait désormais peur pour sa santé. L'inquiétude le rongeait, mais le problème était qu'il aimait trop son travail pour tout arrêter d'un coup.

Ce n'était pas une décision facile à prendre, quitter son poste pour quelques temps ou réduire ses charges de travail signifierait renoncer à une partie de lui-même. Pourtant, il savait qu'il devait trouver un équilibre, car se surmener pourrait avoir des conséquences graves.

En tout cas, il tenait à honorer cette réunion avec Jordan. C'était la dernière, et il ne se voyait pas abandonner un travail si près d'être achevé. Terminer ce projet était essentiel pour lui, une manière de prouver qu'il pouvait encore tenir ses engagements.

Gabriel sursauta lorsque une pochette de documents tomba brusquement sur la table. Jordan s'assit à ses côtés, lui lançant un sourire. Il se racla la gorge, répondit par un hochement de tête et se redressa en ajustant soigneusement sa cravate.

- Tu as une sale tête ce soir. On pourrait croire que tu viens de voir un fantôme, lança le plus jeune en arquant un sourcil.

Gabriel lui lança un faux regard noir, avant de secouer la tête avec un rire léger. Bien qu'arrivé depuis à peine quelques secondes, le plus vieux se sentait déjà réconforté par la présence de Jordan.

D'ailleurs, il aurait probablement ri au nez de quiconque lui aurait prédit cela il y a quelques semaines.

Puis une vague de tristesse l'envahit en réalisant que c'était leur dernière réunion.

Ils avaient appris à chérir ces moments intimes, tard le soir, à l'abri des regards.

Ce qui avait commencé sur une note hésitante était devenu un rituel précieux. Ces entretiens, bien que professionnels sur le papier, leur offraient à tous les deux une échappatoire bienvenue, un espace pour parler librement et rire ensemble.

En public, cette complicité serait mal perçue, comme si rire avec quelqu'un aux opinions divergentes était un privilège interdit.

- Merci, tes paroles sont à chaque fois vraiment réconfortantes, répliqua Gabriel en faisant tourner son stylo entre ses doigts.

Jordan attrapa sa main libre et la rapprocha délicatement de ses lèvres. Il déposa un baiser léger sur sa peau, sans jamais rompre le contact visuel.

- Je sais, murmura-t-il en se redressant.

Gabriel pinça ses lèvres l'une contre l'autre, s'efforçant de maîtriser son expression faciale pour ne pas trahir l'émotion qu'il venait de ressentir à cet instant.

Il détourna alors  le regard pour empêcher ses joues de rougir davantage et sortit ses documents pour les disposer devant lui.

L'ancien premier ministre était maintenant perdu quant à la manière de se comporter avec Jordan. Ils se trouvaient dans une situation ambiguë, sans savoir exactement ce qu'ils étaient l'un pour l'autre.

Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant