Chapitre 25 - Âmes Anéanties

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« Tout peut basculer si vite dans une vie, si vite que le passé s'efface comme dans un rêve. »

- Christophe Gans

——

Ce matin, Jordan n'osait pas aller travailler. Il nouait sa cravate sans conviction, le cœur battant à l'idée des regards qui l'attendaient au siège du Rassemblement National.

Mais même s'il redoutait d'y aller, même s'il n'en avait aucune envie, il n'avait malheureusement pas le choix.

Alors c'est avec la boule au ventre que Jordan prit sa voiture en direction du seizième arrondissement de la capitale française. Une fois garé sur le parking des employés, il prit un moment pour lui, sentant le stress monter dans chaque parcelle de son corps. Il posa alors ses mains sur le volant, y appuya sa tête, et respira de grande goulées d'air, inspirant et expirant longuement.

Jordan se décida enfin à sortir de sa voiture après quelques longues secondes, ignorant les gens autour de lui, et se dirigea directement à l'intérieur. Sans lever les yeux, il montra sa carte à la sécurité, bien qu'ils le connaissaient déjà, et se précipita vers son bureau, son cœur tambourinant toujours plus fort dans sa poitrine. Une fois à l'intérieur, il eut l'impression de respirer pour la première fois depuis deux minutes.

Si cette situation le mettait déjà dans un tel état en début de journée, comment allait-il gérer sa réunion avec les conseillers du parti dans quelques minutes ?

Il ne savait pas. Et il ne savait même pas s'il était capable de se rendre dans cette foutue salle de réunion.

La même où Marine, Julien et Hélène l'avaient menacé quelques jours plus tôt. Mais bon, les deux derniers noms n'étaient dorénavant plus un problème pour lui et le parti...

Jordan inspira profondément pour se donner du courage, mais cela ne fit aucune différence. Il attrapa ses documents et, à contrecœur, se dirigea presque à reculons vers la salle de réunion.

Dès qu'il entra, les conversations en cours parmi les conseillers s'arrêtèrent brusquement. Tous se tournèrent vers lui en silence, certains hochant légèrement la tête, simplement en guise de politesse professionnelle.

Jordan le savait. Leurs regards ne trompaient pas : chacun d'entre eux était au courant. Tous avaient probablement vu les dizaines d'articles et les images révélant ce qu'il s'était passé avec Gabriel.

En même temps, qui ne l'était pas ? C'était plutôt ça, la question.

Jordan était sûr que s'il n'était pas le président du parti, il aurait été immédiatement convoqué dans le bureau de son supérieur pour en parler. C'est dans ces moments-là qu'être son propre patron avait des avantages.

Mais ça avait aussi des inconvénients, comme, à tout hasard, devoir participer à des réunions avec des conseillers.

Le président du Rassemblement National se racla la gorge.

- Bonjour à tous. Pour cette semaine, on a trois priorités. D'abord, on doit finaliser la révision des propositions pour le budget. Ensuite, il va falloir qu'on booste notre visibilité dans les médias locaux. Et enfin, il est crucial qu'on se concentre sur le recrutement de nouveaux membres, surtout dans les régions où on est encore peu représentés, expliqua-t-il rapidement.

D'habitude, ils prenaient le temps de boire un café avant la réunion, échangeant des nouvelles et discutant. Mais aujourd'hui, Jordan n'avait clairement aucune patience pour cela. Il voulait en finir rapidement, ne supportant pas les regards insistants et pesants de ses collègues.

Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant