Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)

Chapitre 33 - Je t'aime

« Il arrive parfois que deux êtres aient cette impression de se retrouver sur le chemin de la Vie. Comme s'ils n'avaient été jusque là que provisoirement séparés. Comme si l'un et l'autre s'attendaient. »

- Olivier Lockert

——

Jordan luttait.

Il luttait pour ne pas courir dans les couloirs immaculés de l'hôpital où il venait d'arriver.

Le brun avait pris sa voiture, avalant les kilomètres en une trentaine de minutes, peut-être moins, ayant très certainement dépassé les limites de vitesse à certains moments.

À présent, il se retrouvait à marcher dans les couloirs de l'hôpital, un lieu qu'il détestait profondément.

Pourquoi ? Parce qu'après avoir perdu l'amitié de Gabriel il y a dix ans, il avait également perdu un ami dans un accident de voiture. Ce dernier avait passé des semaines interminables dans ce genre d'endroit, à agoniser lentement.

Et ce souvenir, bien que personnel et connu seulement de lui et de ses parents, restait douloureusement ancré dans sa mémoire.

Avec le temps, il avait appris à vivre avec, mais l'émotion était encore vive, même si ces événements semblaient appartenir à un autre âge.

Depuis, Jordan s'était juré de ne jamais revivre une telle douleur. Et donc il ne voulait surtout pas perdre Gabriel aussi. Ce serait la goutte de trop, la perte irréparable qui briserait définitivement quelque chose en lui.

- Bonsoir, est-ce qu'il est trop tard pour visiter les patients ? demanda-t-il à la certaine Caroline, nom donné par son badge, qui tenait l'accueil.

La jeune femme leva les yeux vers lui et retint de justesse un mouvement de surprise.

Parfois, Jordan avait tendance à oublier qu'il n'était pas une personne tout à fait ordinaire.

- Non, il n'est pas trop tard pour les visites, mais il se fait tard, répondit-elle. Vous venez voir Gabriel Attal ?

Il semblait bien que la jeune femme avait immédiatement compris la raison de sa présence, sans qu'il ait besoin de le préciser.

Ça l'arrangeait, car il n'était pas vraiment d'humeur à discuter.

Tout ce qu'il désirait était de se rendre le plus rapidement possible à la chambre de Gabriel. Il voulait le voir en chair et en os pour la première fois depuis des mois, et mettre enfin un visage sur l'espoir qui avait illuminé ses dernières heures.

Jordan hocha la tête, le cœur battant, et Caroline se leva pour l'inviter à la suivre.

Ils traversèrent le hall d'entrée, lumineux et fréquenté. En continuant le long du couloir, ils passèrent devant les unités de cardiologie, où des écrans surveillaient les battements de cœur des patients, et de neurologie, avec des panneaux affichant des résultats d'examens.

Enfin, ils arrivèrent à l'unité de soins intensifs, où Gabriel se trouvait.

Caroline s'arrêta finalement devant une porte en acier et se retourna vers lui, son expression ferme.

- Je dois vous prévenir qu'il est intubé, ce qui pourrait être un peu impressionnant si vous n'avez jamais vu ça auparavant. C'est nécessaire pour l'aider à respirer. Je vous demande aussi de ne toucher à aucun des équipements, car ils sont essentiels à son traitement. Enfin, vous pouvez essayer de lui parler car bien qu'il soit dans le coma, il peut potentiellement entendre ce qui se passe autour de lui, et parler peut parfois aider à accélérer le processus de réveil, expliqua-t-elle en finissant par un léger sourire poli.