Chapitre 4 - Charme Antagoniste

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« L'amour et la haine sont deux extrêmes dont les frontières sont si rapprochées. »

- Marionette Frachebois

——

Deux jours plus tard, le deuxième débat entre Gabriel et Jordan, accompagné d'Olivier Faure, avait été aussi tendu que le précédent. Cela s'était transformé en un véritable "duo", comme l'avait qualifié Faure.

Les deux hommes politiques s'étaient encore lancés des piques, chacun répondant à l'autre en disant ce qui lui passait par la tête.

Ils avaient chacun dépassé leur temps de parole, parlant bien plus que nécessaire. Jordan s'était douté que Gabriel allait encore l'attaquer, mais cette fois, il était venu préparé. Pendant une heure et demie, cela s'était transformé en une guerre stupide entre les deux, menant à un débat peu constructif.

Aujourd'hui, Gabriel avait sa deuxième réunion avec Jordan, et il n'avait vraiment pas envie d'y aller. Voir Jordan de près était la dernière chose dont il avait envie en ce moment.

Il avait demandé au président s'il était possible de reporter la réunion ou même d'annuler sa participation, qu'on le remplace pour réfléchir à la réforme, mais Emmanuel avait refusé. Quand il lui avait demandé s'il y avait un problème, Gabriel avait renoncé à expliquer la raison. Il savait qu'il passerait pour un enfant faisant des caprices.

Alors le voilà, montant les marches de l'Élysée lourdement, presque à reculons, ses documents sous le bras. Il arriva dans la salle où ils s'étaient réunis la dernière fois et, à sa surprise, Jordan n'était pas encore là. Il fut presque soulagé, d'un côté.

Et il se fit attendre. Une minute, puis deux, puis cinq, et on arriva vite à dix.

- Il se fout de moi..., souffla Gabriel à lui-même en se massant les tempes, exaspéré.

Il décida de se lever de son siège, ne tenant plus en place, et alla près de la fenêtre pour observer la vue sur le jardin de l'Elysée.

Dieu merci pour la verdure, parce que dans ce bâtiment, l'air se faisait rare.

Ses pensées dérivèrent inévitablement vers Jordan une nouvelle fois. Il se maudissait de ne pas pouvoir le chasser de son esprit.

Son air suffisant, son sourire en coin insolent - mais terriblement séduisant - le rendaient extrêmement irritant.

Gabriel secoua la tête, honteux d'avoir osé ne serait-ce qu'envisager ce genre de pensée. Dans toute sa haine, son cerveau avait trouvé malin de penser au charme du plus jeune. Mais bien sûr, et puis quoi encore ? Certes, Jordan était beau, il fallait bien l'admettre. Il avait de belles fossettes et une carrure impressionnante, mais cela ne changeait rien au fait qu'il adhérait à de mauvais idéaux. Du moins, ça ne le devrait pas...

Il se mit à rire, pensant à voix haute.

- Quelle ironie...un visage séduisant mais des idées si déplorables.

- Ravi de voir où se situe ta priorité, Gabriel, lui dit une voix derrière lui.

Gabriel sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il se retourna pour découvrir Jordan appuyé contre la porte, les bras croisés, arborant le même éternel sourire en coin sur les lèvres. Il ne l'avait même pas entendu entrer.

Il cacha rapidement le fait qu'il était perturbé et reprit son air impassible, fixant le plus jeune droit dans les yeux.

- Désolé de te décevoir, je ne parlais pas de toi, Jordan. Mes pensées sont réservées à des sujets plus pertinents, dit-il en mettant les mains dans les poches de son pantalon de costume.

Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant