Chapitre 45 - On peut se parler ?

1.6K 119 334
                                    

« Toute vérité franchit trois étapes. D'abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. »

- Arthur Schopenhauer

——

« Am i suppose to say thank you
For all of the pain
That you caused in my life
Like it's some sort of game ? »
- Elita

——

Gabriel avala difficilement le morceau de fraise qu'il venait de prendre.

Tout ça lui était revenu d'un coup, une image nette, aussi tranchante qu'une lame.

Il sentit sa gorge se serrer, posa une main tremblante sur le plan de travail, cherchant à s'ancrer dans la réalité qui semblait lui échapper. Sa respiration se fit plus lourde, irrégulière, comme si l'air lui manquait.

Le brun baissa les yeux vers ses mains, observant leur léger tremblement, puis serra le bord du plan de travail pour se stabiliser, ses articulations blanchâtres. Ses pensées tournaient en boucle, mais il restait figé, le regard perdu dans le vide, essayant de retrouver son souffle et un peu de calme.

Vous savez, cette sensation de désillusion ?

Une sorte de voile lourd qui tombe brusquement, obscurcissant tout ce que l'on croyait solide et vrai.

C'est ce moment où la réalité, froide et brutale, se révèle en dépit des illusions que l'on s'était construites au fil des jours.

On ressent une sorte de vide intérieur, un décalage entre ce que l'on avait espéré et ce qui est effectivement là. Et ça laisse une impression de vide et de confusion, comme si le sol sous nos pieds venait de se dérober.

C'était exactement ce que Gabriel ressentait à cet instant précis : une désillusion glaciale.

Il aurait effectivement pu douter de ses souvenirs, mais la clarté était telle que chaque détail semblait s'imprimer dans son esprit comme la dernière pièce d'un puzzle, dévoilant une vérité que son cœur avait redouté.

Stéphane avait menti.

Il lui avait menti, dissimulant une partie essentielle de l'histoire. Et il était donc probable que ce n'était pas le seul mensonge qu'il lui avait raconté.

Leur séparation n'était pas le fruit d'une pression professionnelle, ni appuyée par Jordan.

Non, la vérité, bien plus douloureuse, était que Stéphane lui avait été infidèle.

Ainsi, Jordan était celui qui avait toujours dit la vérité, depuis le tout début.

Et lui, que lui avait-il fait ?

Il l'avait rejeté, l'avait repoussé, lui avait demandé de disparaître. Il l'avait mis à l'écart, sans comprendre qu'en réalité, le brun ne cherchait qu'à le protéger de la menace que représentait Stéphane.

Gabriel avait vu le visage de Jordan se décomposer sous son regard accusateur, l'avait blessé alors que ce dernier n'avait fait que tenter de le préserver de la trahison.

- Bordel..., souffla-t-il en enfouissant sa tête dans ses mains, réalisant l'ampleur de son erreur.

("J'ai tout embrouillé dans ma tête, confondant les cœurs sincères avec les visages trompeurs. Je me suis retourné contre ceux qui auraient pu me sauver, infligeant du tort à ceux qui cherchaient seulement à me protéger. Comment ai-je pu être si aveugle ?")

Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant