Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)

Chapitre 34 - Qui êtes-vous ?

« Les souffrances de l'amour naissent de la lutte entre l'illusion qui a allumé la flamme et la désillusion qui va l'éteindre. »

- Eugène Marbeau

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Six semaines.

Le temps semblait s'étirer sans fin. Et pour tout le monde.

Pour Jordan, les parents de Gabriel, son frère, ses sœurs, Paul, Jules et Thomas...tout le monde.

Chaque jour se traînait avec une lenteur insupportable. Le brun était plongé dans un coma artificiel depuis des semaines, mais la bonne nouvelle était que son corps réagissait positivement. Aucune complication grave n'avait décidé de pointer le bout de son nez.

Les médecins avaient donc commencé à réduire les sédatifs, jusqu'à les arrêter complètement.

Maintenant, l'attente était la même pour tous : longue, nerveuse, sans savoir si le réveil de Gabriel surviendrait dans une heure ou dans deux semaines.

Malgré ça, Jordan avait retrouvé une faible lueur de joie.

Il avait mis de l'ordre dans son appartement et, peu à peu, dans son esprit.

Bien qu'il continuait à fumer en excès, il commençait à trouver un semblant de paix intérieure, pour la première fois nourrissant un véritable espoir.

Lui qui flirtait avec les abysses il y a quelques semaines se relevait doucement, remontant la pente.

Et il espérait que ce chemin vers la lumière continuerait à se dessiner.

——

Sécurité, identité nationale, souveraineté, économie, justice, décentralisation, réformes sociales...

Jordan trouvait tout cela bien déprimant.

D'ordinaire, il trouvait du plaisir dans les sujets politiques sur lesquels il travaillait. Cependant, ces derniers mois, ce plaisir s'était éteint.

Les enjeux politiques, autrefois centre d'intérêt, étaient devenus seulement une bouée de sauvetage, une distraction face à la situation de Gabriel.

Alors en cette fin d'après-midi d'octobre, il se plongeait dans ses dossiers depuis chez lui, cherchant à prendre un peu d'avance.

Avec une réunion prévue pour le lendemain matin avec ses collaborateurs, il fallait bien qu'il connaisse chaque détail sur le bout des doigts.

Il s'étira, libérant ses muscles engourdis par de longues heures passées assis, avant de se lever pour se préparer un café.

Pendant que le liquide brun se versait lentement dans sa tasse, ses pensées, comme toujours, dérivèrent vers Gabriel.

Il avait fait en sorte de lui rendre visite aussi souvent que possible. Pas tous les jours, les obligations l'en empêchaient parfois, mais il avait tenu à maintenir un rythme d'une visite tous les deux jours minimum.

À chaque rencontre, il lui parlait de ses journées, comme s'ils conversaient réellement, bien qu'aucune réponse ne vienne jamais à lui.

Pourtant, c'était le seul lien qui lui restait avec Gabriel, alors il s'y accrochait.

I need to see you to feel alright, even if you have to get better without me in sight.
(J'ai besoin de te voir pour aller mieux, même si toi, tu dois guérir sans moi.)

Il récupéra sa tasse de café, la vida à moitié en quelques secondes, puis se tourna vers une autre de ses habitudes réconfortantes. Il glissa une cigarette entre ses lèvres, prit son briquet et se dirigea vers le balcon pour allumer son fumeux compagnon.