Chapitre 3 - Rivalité Intense

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"L'amour ressemble assez à la lâcheté de deux ennemis que de vulgaires intérêts obligent à pactiser."

- André Langevin

——

Le soir du 9 juin, les résultats des élections européennes allaient être annoncés dans quelques instants. Gabriel se trouvait dans une salle avec d'autres membres de son parti, anxieux et se rongeant presque les ongles en attendant les résultats. Les premières statistiques n'étaient pas encourageantes : elles prédisaient une large majorité pour Jordan et le Rassemblement National, ce qui le foutait en rogne.

Gabriel ne voulait absolument pas que le plus jeune remporte les élections. Il trouvait que ce serait une honte pour le pays, une régression inacceptable. Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le sourire narquois et fier sur le visage de Jordan lors de leur prochaine réunion.

Rien qu'à l'idée d'un tel rictus, le premier ministre ressentait une bouffée de colère. Il se disait qu'une claque pourrait bien partir si jamais il voyait une telle expression triomphante sur le visage de son rival politique.

C'était le moment de vérité. Gabriel serrait tellement fort son verre de champagne, pourtant si petit et délicat dans sa main, qu'il ne se rendait pas compte qu'il pouvait le briser à tout moment. Ses doigts blanchissaient sous la pression alors que les résultats électoraux étaient annoncés. Chaque seconde semblait durer une éternité, et l'incertitude pesait lourdement sur ses épaules.

Et ce qui devait arriver arriva.

Son propre parti se retrouva avec un résultat s'élevant à 14,60% alors que celui de Jordan s'élevait à plus du double, à 31,37%.

Gabriel serra les dents, incapable de croire ce qu'il voyait et entendait. Les soupirs et les paroles de déception parvenaient à ses oreilles, mais il s'en fichait. Ses yeux étaient rivés sur l'écran, fixés sur la tête de Jordan, souriant ridiculement sur sa photo officielle.

Ils avaient réussi à sympathiser ensemble lors de leur dernière réunion ? Eh bien, soit, mais pour Gabriel, c'était désormais terminé.

Il sentit un bras se mettre discrètement autour de sa taille.

- Arrête de faire cette tête, on dirait que tu vas tuer quelqu'un, souffla Stéphane.

Le petit-ami de Gabriel, Stéphane Séjourné était évidemment présent, en tant que secrétaire général du parti, sans doute le rôle le plus important après celui de président d'honneur, occupé par Emmanuel Macron.

- Oui, lui, peut-être, rétorqua Gabriel en buvant d'une traite le reste de son verre de champagne.

Ses mots firent lâcher un léger rire à Stéphane. Apparemment, il relativisait beaucoup plus  par rapport à la situation que lui.

Après tout, peut-être que Gabriel ne supportait pas seulement de voir le Rassemblement National gagner et donc monter en puissance, mais sa colère était également - et sûrement - motivée par le fait que c'était précisément Jordan qui dirigeait ce parti, et pas un autre homme.

Gabriel pensait déjà aux deux prochains débats qu'il aurait contre Jordan, prévus les 25 et 27 juin prochains. Pour lui, cela ressemblait à du sort s'acharnant.

Il l'avait évité et presque oublié pendant plus de dix ans, et maintenant, tout semblait tourner autour de lui dans sa vie politique. C'était trop à digérer d'un seul coup.

Le premier ministre décida de rentrer chez lui immédiatement. Il préférait être seul pendant quelques instants chez lui plutôt que de rester à râler avec les autres sur les résultats plus que catastrophiques de la soirée.

Au-delà des Partis (Jordan Bardella x Gabriel Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant