Alexander.Je me tiens devant le miroir, ajustant le nœud de ma cravate avec une précision maniaque. Le reflet que me renvoie le mirroir est celui d'un homme méticuleux, chaque détail soigneusement orchestré pour créer l'image parfaite de Matteo Bianchi, héritier discret d'une ancienne famille mafieuse italienne. Un costume trois-pièces noir, coupé sur mesure, épouse ma silhouette avec une telle exactitude qu'il pourrait presque être une seconde peau.
Je ne suis plus Alexander.
Je passe une main dans mes cheveux parfaitement coiffés en arrière, aucun cheveu ne dépassant, chaque mèche maintenue en place par une touche de gel. Tout est à sa place, chaque bouton de manchette aligné, chaque pli du tissu soigneusement aplati. Mon visage, comme toujours, est impassible.
Je ne laisse rien transparaître, même à moi-même.
Un léger bruit attire mon attention et je me tourne pour voir Julian entrer dans ma chambre sans frapper, comme il à toujours eu l'habitude de faire. Il porte un costume gris clair, subtilement différent du mien, avec une chemise blanche légèrement ouverte au col. Il s'est toujours autorisé une touche de nonchalance, même dans les situations les plus tendues. Son air détendu n'est qu'une façade, bien entendu, mais il le porte mieux que quiconque.
— Pas mal, dit-il en s'affalant sur mon lit, un sourire en coin. Tu pourrais presque me faire de l'ombre.
— Presque, réponds-je en continuant d'ajuster ma cravate. Mais je suis sûr que je trouverai un moyen de me démarquer.
Je jette un coup d'œil à ses chaussures. Poli, brillant, mais avec une petite imperfection sur le côté gauche. Julian ne le remarque probablement pas, mais moi, si. Tout est dans les détails, et ces détails peuvent être fatals.
— Adriana est prête ? demandé-je sans détourner le regard du miroir.
Julian hausse les épaules.
— Plus ou moins. Elle était un peu nerveuse hier soir, mais je pense qu'elle s'est ressaisie. Comme toujours.
Je fronce les sourcils, pensif.
— N'oublie pas de lui rappeler de ne pas trop sourire. Elle doit être distante, pas amicale.
— Je m'en occupe, répond Julian en s'éloignant de la porte.
Je récupère ma montre, un modèle suisse au bracelet en cuir noir, et l'attache avec soin autour de mon poignet. Je sais que chaque minute compte ce soir, chaque seconde peut faire la différence. L'infiltration demande une attention absolue aux détails, et je ne laisserai rien au hasard.
Je prends une profonde inspiration avant de sortir de ma chambre. Le couloir du petit hôtel dans lequel nous séjournons spécialement pour la soirée est étrangement silencieux, seulement interrompu par le bruit feutré de mes pas sur le tapis moelleux. En bas, dans le hall, Adriana nous attend, son regard fixé sur la porte d'entrée. Elle se retourne à notre approche, et je peux voir qu'elle a maîtrisé sa nervosité.
Sa robe est parfaite : sobre, élégante, une coupe qui accentue ses courbes sans être provocante. Ses cheveux teints en noir sont tirés en arrière en une queue de cheval haute, laissant son visage dégagé. Ses yeux verts, accentués par un maquillage léger, mais efficace, sont froids, distants.
— Tout est en place ? demandé-je en lui tendant un bras qu'elle accepte sans hésiter.
— Oui, répond-elle avec une assurance feinte, mais crédible. On n'a plus qu'à jouer notre rôle.

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Los Maestros.
RomanceDans les coulisses du pouvoir et de la manipulation, trois figures se détachent dans un monde où les émotions sont des outils et la compassion, une monnaie d'échange. Plongée dans un univers où la soif de pouvoir écrase l'humanité et où chaque geste...