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Alexander.





Je les regarde, tous les cinq. Mon père se tient au milieu, imposant, presque inhumain dans son calme glacial. Les parents de Julian et d'Adriana sont à ses côtés, leur posture droite et froide, comme s'ils étaient incapables de ressentir la moindre émotion.

Le silence est si lourd que j'ai l'impression qu'il pourrait m'écraser à tout moment.

Mon père finit par rompre cet étouffement.

— Peut-être qu'elle est déjà morte.

Ces mots, balancés comme une simple vérité, me frappent de plein fouet. La pièce disparaît autour de moi, ma vision se trouble.

Morte.

Morte.

Morte.

Morte.

Je perds pied. Tout s'effondre. L'air manque autour de moi, comme si quelqu'un serrait mes poumons. C'est comme recevoir un coup de poing en pleine poitrine, sauf que cette douleur-là est bien plus ancienne, enracinée dans quelque chose de plus profond.

Je ferme les yeux.

Trop tard, le souvenir revient, violent.









Douze ans plus tôt...

Alexander, treize ans.





La maison est silencieuse, trop silencieuse.

D'habitude, c'était le bruit du piano que maman jouait, de ses pas légers dans le couloir ou de sa voix douce m'appelant pour le dîner.

Mais là... rien.

Juste le vide.

Je dévale les escaliers, mon cœur tambourinant, une boule d'angoisse grandissant dans mon estomac.

Où est-elle ?

Je l'appelle, une fois, deux fois, trois fois... Pas de réponse. Un silence de mort me répond.

J'entre dans le salon. Rien. La cuisine. Vide. Et puis... j'aperçois la porte de sa chambre, légèrement entrouverte. Une lumière faible filtre à travers la fissure, vacillante, presque mourante. Je pousse la porte.

Et je la vois.

Ma mère.

Allongé sur le sol, le visage tourné vers moi, ses yeux grands ouverts, mais... sans vie. Son bras est tendu, comme si elle avait essayé d'attraper quelque chose.

Mes jambes me lâchent, je tombe à genoux. Je rampe jusqu'à elle, mes mains tremblantes, essayant de la secouer, de la réveiller, de la ramener.

Mais elle reste immobile.

Froide.

Rigide.

Mes mains agrippent son corps sans vie, je l'appelle encore, encore et encore ...

Los Maestros.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant