Los Maestros.

O

Alexander.

Je reste là, immobile, dans le silence que Julian a laissé derrière lui. La porte s'est refermée avec fracas, mais le bruit ne m'a pas atteint. 

Plus rien ne m'atteint.

Il m'a hurlé dessus, m'a secoué, m'a frappé de sa colère, mais tout ça me paraît loin. Comme si ça se passait à des kilomètres, dans une autre vie. 

Je me sens vide. 

Creux. 

Complètement déconnecté de la réalité.

"Adriana est là quelque part, et toi, tu restes planté là ! Elle a besoin de nous !"

Les mots de Julian résonnent encore dans ma tête, mais je n'arrive pas à les croire. Comment pourrais-je croire qu'il y a encore un espoir quand tout ce que je fais mène à l'échec, à la perte ? Depuis ce jour... depuis que je n'ai pas pu la protéger.

Je serre les poings. Ils tremblent. 

Pas de rage. 

Pas de peur. 

Juste d'épuisement.

"Tu as échoué. Encore."

Mon père avait raison. Je suis faible. Incapable de protéger ceux que j'aime.

Je ferme les yeux, essayant de chasser cette voix qui s'infiltre dans chaque recoin de mon esprit. Celle de Julian. Celle de mon père. Celle d'Adriana, quelque part, hurlant probablement de douleur.

Mais c'est impossible. 

Elles sont toutes là. 

Elles ont toujours été là.

Je me laisse tomber sur le sol, le dos appuyé contre le mur froid de la pièce. Mes jambes ne me portent plus. Ma tête entre dans mes mains, mes doigts s'enfonçant dans mes cheveux. 

Je voudrais tout arrêter, juste un instant. 

Un instant de silence dans mon esprit, un instant de paix.

Je pensais que je pourrais la sauver. Je pensais que, cette fois, je serais à la hauteur. Mais tout ce que je fais, tout ce que j'entreprends se transforme en échec.

Julian a raison sur une chose : elle a besoin de nous. 

Mais qu'est-ce que ça change si je suis incapable de la ramener ? Si je suis encore celui qui va échouer ? Je ne peux pas supporter l'idée de revivre ça. 

Cette perte, cette douleur. 

Je préfère encore rester ici, immobile, dans cet état de mort-vivant qu'il me reproche tant. Parce que l'idée de la perdre, elle aussi, me tuerait pour de bon.

Je lève les yeux vers le plafond. Chaque fibre de mon corps hurle pour que je fasse quelque chose, mais la peur est plus forte. La peur d'échouer, encore une fois.