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Adriana.


Je me suis endormie sur le sol, l'épuisement m'ayant enfin rattrapée, mais le silence qui m'entoure est devenu une douleur lancinante, un poison que je ne peux pas fuir. Mes pensées tournent en boucle, comme des démons que je n'arrive pas à chasser. Je suis sur le point de sombrer dans un sommeil sans rêve quand je suis soudainement réveillée.

Un bruit.

Une fenêtre qui s'ouvre, presque imperceptible, mais assez distincte pour m'arracher au calme oppressant de la pièce.

C'est quoi ce bordel encore...

Je reste immobile, les yeux à moitié ouverts, tentant de repérer la source du bruit, tout en retenant ma respiration. Le froid entre dans la pièce, un souffle doux, mais qui me glace le sang.

Je ne bouge pas.

Je reste là, les nerfs à fleur de peau, le cœur battant à tout rompre, quand soudain je l'entends. Une petite respiration, à peine un soupir. Je crois rêver quand je le vois.

Nassir ?
Je vais le tuer et après l'avoir tué, je donnerais son putain de cadavre à des chiens.
Il se fout vraiment de ma gueule pour se pointer ici dans le plus grand des calmes.
Je vais le buter.

Je me redresse lentement, il est adossé à la balustrade, une cigarette allumée entre ses lèvres. Je fais un pas, puis deux, m'avançant lentement vers la porte du balcon. Il me sent, mais il ne bouge toujours pas. Je l'observe.

Maldito hijo de...

Je m'élance soudainement, mes pas légers sur le sol, et en un clin d'œil, je suis sur son dos, mes bras serrant son cou, mes jambes s'enroulant autour de lui.

— Que coño haces, imbécil! (Qu'est-ce que tu fous, imbécile!)

Je hurle à l'oreille, les mots sortent en espagnol, mais le sens est clair. Il est complètement détendu, comme si rien de tout ça n'avait d'importance. Il rigole, un de ces rires qui ne font que me rendre encore plus folle. Il prend un tir de sa clope, lentement, et je sens son dos se tendre sous mon poids.

Il ne dit rien.

Je resserre mes jambes autour de lui, déterminée à le faire tomber, mais il est solide, bien trop stable pour que je puisse l'emmener à terre comme je le veux. Finalement, sous notre poids, on bascule sur le lit.

La dernière putain de chose que j'avais prévu de faire, c'était de finir allongée avec lui, comme ça.

On reste là, tous les deux, immobiles, figés dans cette position absurde. Nos corps se frôlent, le contact étrange, comme une pression supplémentaire qui me fait frissonner, mais dans un mauvais sens. Il n'a même pas l'air de s'en rendre compte, trop absorbé par la situation, et il me fixe d'un air moqueur.

C'est quoi, son putain de problème ?

Les secondes s'étirent, le silence reprend sa place et je commence à vraiment réaliser la position dans laquelle on se trouve. Mon visage rougit légèrement, mais je garde la tête haute et le menace en plantant mes yeux dans les siens :

— T'as deux secondes pour me lâcher et te lever... avant que je ne te prive de toute descendance, espèce d'idiot.

Je parle d'une voix tranchante, mais mes mots sont teintés d'une frustration que je n'arrive plus à contenir.

Los Maestros.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant