Alexander.
Le lendemain.
Je fixe l'écran de mon ordinateur portable, mes doigts tambourinant nerveusement sur la table. Les informations défilent sous mes yeux, mais rien ne semble coller. Le tracé des caméras de surveillance montre les silhouettes en noir disparaissant dans une ruelle sans issue, mais aucun signe d'Adriana. Tout s'efface dans un point aveugle.
C'est comme si la terre elle-même l'avait avalée.
— Bordel, où est-ce qu'ils l'ont emmenée ? je murmure en tapant férocement sur le clavier, essayant d'accéder à d'autres angles de caméra.
Julian fait les cent pas derrière moi, son stress palpable, mais sa voix est étrangement calme lorsqu'il demande :
— On a du nouveau ?
Je secoue la tête, frustré par la tournure des événements.
— Non. Ils ont planifié ça avec précision. Ils savaient exactement où et comment frapper.
Le silence entre nous devient pesant, jusqu'à ce que je me souvienne soudain de quelque chose.
— Julian, t'as prévenu les parents ?
Il hésite, ce qui me fait lever les yeux vers lui, méfiant. Son expression est un mélange de culpabilité et de quelque chose d'autre que je ne parviens pas à identifier.
— Julian, t'as prévenu les parents ?!, je répète, une pointe de panique perçant mon ton plus que je ne le voudrais.
Sa réponse arrive enfin, mais pas celle que j'attendais.
— À peu près.
Je cligne des yeux, confus.
— "À peu près" ? Julian, comment ça "à peu près" ?
Julian hésite une seconde de plus, puis lâche enfin la vérité, d'un ton presque coupable.
— Quand ils ont demandé où elle était... je leur ai dit qu'elle ne pouvait pas parler parce qu'elle... euh... parce qu'elle était aux toilettes.
Si quelqu'un m'écoute ou me voit, retenez-moi de lui arracher la gorge à mains nues.
— Tu leur as dit qu'elle était aux toilettes. Ok, ok...
Je répète ses mots en essayant de rester calme, étrangement calme, trop calme même. Je sens Julian se tendre derrière moi, probablement surpris par mon ton. D'habitude, je ne suis pas du genre à gérer la panique avec sérénité, surtout pas dans ce genre de situation.
Julian se met à bafouiller, cherchant visiblement à justifier sa réponse.
— Écoute, Alex, je... je ne savais pas quoi dire, d'accord ? Je pensais que...
Je me retourne lentement sur ma chaise, mes yeux plantés dans les siens. Un sourire se forme sur mon visage, mais ce n'est pas le genre de sourire rassurant. Plutôt celui qui dit :
Attention, ça va exploser.
— Tu pensais quoi, Julian ? Que dire qu'Adriana était "aux toilettes" allait passer ? Oh, super idée, bravo, j'applaudis.

VOUS LISEZ
Los Maestros.
RomanceDans les coulisses du pouvoir et de la manipulation, trois figures se détachent dans un monde où les émotions sont des outils et la compassion, une monnaie d'échange. Plongée dans un univers où la soif de pouvoir écrase l'humanité et où chaque geste...