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Adriana.


Je reste là, debout sur cette estrade ridicule, mes poignets me brûlant encore là où les cordes ont laissé des marques. Je suis entourée par d'autres filles, certaines complètement indifférentes, presque nonchalantes, comme si tout ça faisait partie d'un jeu mondain auquel elles étaient habituées. Il y en a même une, juste à ma gauche, qui ajuste ses cheveux avec un petit sourire aux lèvres, comme si elle se préparait à défiler sur un podium. 

 Comment est-ce qu'elles peuvent rester aussi calmes ? 

Je me demande, mes muscles tendus sous la fine robe satinée qu'ils m'ont forcé à porter. Je les envie presque. La voix suave de l'animateur résonne à nouveau dans la pièce. 

— Messieurs, mesdames, nous commençons à présent les enchères pour cette beauté exotique... Son nom est Adriana. 

Le bruit des conversations s'estompe et je sens tous les regards se braquer sur moi. C'est presque palpable. Mon cœur se met à battre plus fort, mes poings se serrent. J'aimerais tellement arracher ce sourire arrogant de l'animateur, mais je reste figée. Le poids de cette situation me cloue au sol. 

Ils vont me vendre. 

Comme une putain de marchandise. 

Je balaie la salle du regard. Des hommes, des femmes, des visages froids et calculateurs. Certains cachent à peine leur excitation. Le premier chiffre tombe : 

— Cent mille. 

Ma gorge se serre. Cent mille pour moi ?! Sérieusement ? 

— Cent cinquante mille, enchérit quelqu'un d'autre. 

Les voix continuent de s'élever, chaque nouvelle somme me faisant grincer des dents. Comment peut-on parler d'une vie comme ça, comme on le ferait d'une simple œuvre d'art ou d'un cheval de course ?Je ne suis pas un objet.Je fixe un point droit devant moi, essayant de ne pas prêter attention aux murmures.

Mais c'est impossible. 

Le bruit de la salle devient de plus en plus étouffant, comme si les murs se refermaient sur moi. 

— Deux cent mille.Je serre la mâchoire. 

Ils sont sérieux... Ils sont vraiment en train d'enchérir pour moi. Comme si je n'avais aucune valeur en dehors de ce qu'ils sont prêts à payer.Les enchères montent encore. 

C'est surréaliste. 

— Cinq cent mille. 

— Six cent mille. 

Je sens mon souffle se couper. Ils sont réellement prêts à payer des sommes comme ça... pour moi ?Puis, une voix éclate soudainement dans la salle. 

— Un million. 

Tout se fige. Le silence tombe brutalement, comme si quelqu'un avait appuyé sur un interrupteur. 

Los Maestros.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant