Los Maestros.

M

Adriana.

Je fixe mon reflet dans le miroir. L'image d'une femme élégante, maquillée à la perfection, une robe de soie noire épousant chaque courbe de mon corps. La scène est prête, les acteurs en place, et moi, au centre, prête à jouer mon rôle.

J'ajuste l'oreillette discrètement cachée sous mes cheveux, un murmure froid résonne dans mon oreille :

— Adriana, tout est en place.

C'est Alexander, toujours méthodique, toujours précis. Il voit chaque détail, chaque possibilité. Je souris légèrement, pas pour moi, mais pour les spectateurs autour. Ils sont déjà pris au piège, ils ne le savent même pas.

— Parfait.  Ma voix est douce, une caresse empoisonnée. Julian, position ?

— En vue de la cible. Sa réponse est aussi froide que d'habitude.

Julian est déjà là, dans l'ombre, attendant le moment où il pourra tirer les ficelles. Il se nourrit du désespoir, et ce soir, il est affamé.

Je me faufile parmi les invités, chaque sourire, chaque regard est calculé. Je capte l'attention de ceux qui passent, laissant une impression indélébile, même si ce n'est qu'un masque. La foule est dense, les rires sont faux et les secrets flottent dans l'air comme un parfum lourd. C'est ici que nous brillons, là où le vrai et le faux se mêlent si étroitement que même les plus avertis ne peuvent faire la différence.

— Adriana, il y a un problème. La voix d'Alexander est tendue.

C'est rare.

— On va avoir besoin de plus de temps. continue-t-il.

Je m'arrête, laissant une expression d'amusement flotter sur mon visage. À l'intérieur, je sens l'adrénaline monter, ce que nous redoutions commence à se produire. Rien ne m'amuse plus que l'inattendu, mais une part de moi sait qu'une perte de contrôle pourrait être fatale.

— Combien de temps ? je demande, la voix toujours aussi douce, un sourire toujours accroché à mes lèvres pour ceux qui nous observent.

— Cinq minutes, peut-être plus.

Julian interrompt.

— Pas possible, on doit agir maintenant. La distraction est en route, mais on a besoin des fichiers avant que tout explose. Adriana, couvre-moi.

Une seconde plus tard, un bruit sourd résonne dans la salle, suivi d'un silence étrange. Les invités se figent, cherchant la source du bruit. Les gens commencent à s'agiter, les regards se tournent vers les portes, puis tout s'accélère.

— C'était quoi ça ? La voix d'Alexander gronde dans mon oreille.

Julian réplique aussitôt.

— Diversion. Maintenant, bouge !

Je me dirige vers la sortie, profitant de la confusion générale. Les cris commencent à fuser, les invités affluent vers les sorties et la sécurité tente de reprendre le contrôle.

— J'ai les documents. annonce Alexander d'un ton victorieux. Mais on a un autre problème.

Je me fige.

— Quel problème ?

— Il y a une autre équipe... Ils savent qui on est et ils ne vont pas nous laisser sortir d'ici sans un combat.

Je sens un frisson glacé descendre le long de ma colonne vertébrale.

La perte de contrôle totale.