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Point de vue de Gabriel :

Je me réveille dans ma chambre, seul, confus, je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je vois mon ami Alexis à mon chevet, celui-ci m'explique que j'ai fait une crise d'angoisse et que quelqu'un a appelé mon chauffeur pour venir me récupérer. Il me dit qu'il y avait seulement un mot anonyme.

Je ne me rappelle de rien, si ce n'est la fin du débat. Je tente de me remémorer les événements mais en vain, c'est comme s'il ne s'était jamais rien passé.

Nous sommes le lendemain du débat, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas dormi une nuit entière.

J'espère que la personne qui m'a trouvé gardera cet événement embarrassant pour elle.

Je me lève de mon lit, pour aller travailler, aujourd'hui il y a un repas avec les représentants des partis et le président Macron.

-"où tu vas comme ça ?" Alexis me barre le chemin.

-"c'est quoi cette question débile ? Je vais au travail, il y a un dîner aujourd'hui"

-"Mais Gabriel, tu ne vois pas que cette crise n'était qu'un signe parmi tant d'autres de ton état de santé ? Tu dois te reposer."

Si il y a bien quelque chose que je déteste c'est qu'on me dicte ma conduite. Je souffle et je le contourne, pour aller me préparer.

-"ça n'a rien à voir, je suis en parfaite santé, il s'agissait juste d'un trop-plein d'émotions. De toute façon je n'ai pas le choix, ce dîner est bien trop important pour que le premier ministre n'y assiste pas." En effet mon adversaire, Monsieur Bardella s'y trouvera, il est hors de question que je n'y aille pas et qu'il sache que j'étais physiquement affaibli, il m'est impensable de montrer un semblant de vulnérabilité devant cet homme qui en profitera immédiatement.

Je me prépare, un costard bleu marine comme d'habitude et me dirige vers ma voiture.

Le repas est à 13h30, mais j'arrive très en avance, à 12h45 me voilà déjà à l'Élysée. Il semblerait que je sois le premier arrivé.

-"Monsieur Attal, bonjour" prononce une voix derrière mon dos que je connais que trop bien. Je sais déjà qu'en me retournant je vais avoir le droit à son sourire provocateur.

-"Monsieur Bardella, quel plaisir de vous revoir" dis-je ironiquement.

-"Oh oui je savais que je vous avais manqué après le débat.", je lève les yeux au ciel et ne prends même pas le temps de répondre à ses gamineries.

Les autres invités arrivent peu à peu, et nous prenons place autour de la table. Bien sûr je me retrouve face à mon opposant, ce repas risque d'être très animé.

Nous mangeons et discutons, laissons de côté notre adversité politique quand soudain les images de ma crise d'angoisse me submergent, la douleur que j'ai ressenti me revient, les larmes de désespoir, ma panique tout me revient. Je vois une personne m'enveloppant dans ses grands bras, moi qui me niche sur sa poitrine, les chuchotements rassurants dans mon oreille, la répétition de mon prénom en boucle. Je ressens à nouveau ce que j'ai ressenti auprès de cette présence rassurante, la chaleur de son touché, cette voix douce qui m'a calmé, la paix.

Je me mets à paniquer en revoyant les images d'hier, j'ai l'impression que l'air est irrespirable, ma jambe se met à trembler, les larmes me piquent les yeux, les conversations autour de moi s'estompent laissant place à un bourdonnement incessant.

Je me lève brutalement et prétexte que je vais aux toilettes.


« on ne blesse que ceux qu'on aime »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant