25

117 4 0
                                    

Champagne coast - Blood orange

Ils étaient dans l'appartement de Bardella, le jeune homme était assis dans son canapé, pas encore tout à fait remis de ses émotions.

Le premier ministre était afférer à préparer un bon dîner dans lequel il avait mis toute sa douceur et sa délicatesse.

Les deux hommes avaient peu parlé depuis, mais le silence qui planait entre eux n'était pas un de ces silences malaisant, pesant.
Au contraire il y avait quelque chose de réconfortant dans ce calme. On pouvait entendre les mouches voler et pourtant il s'agissait bien d'une discussion entre les deux politicien. Il s'agissait d'un silence lourd de promesses, de non-dits et d'espoir.

Ce calme était consolant, il contrastait nettement avec le vacarme incessant qui prenait place dans la tête de Bardella habituellement.

La simple présence d'Attal, le fait qu'il faisait à manger avec soin, qu'il ne le forçait pas à parler emplissait le cœur de Bardella de quelque chose d'inconnu, quelque chose de doux, d'appréciable.
Sa présence lui réchauffait le cœur, un cœur longtemps abandonné, froid, glacé.

-« Et voilà le repas est prêt. »

La situation était pourtant incongrue, mais les deux hommes ne le voyaient pas comme cela.

En effet quelle était la probabilité que deux rivaux, deux adversaires politiques qui n'avaient rien partagé d'autre que de la haine depuis des mois se retrouvent à partager un repas dans l'appartement du président RN ?

Cela les amusait, et apportait une touche de légèreté à l'atmosphère initialement angoissante.

-« Vous êtes un bon cuisinier à défaut d'être un bon politicien. Vous savez vers quoi vous tourner lorsque je prendrais votre place à Matignon. »

Le premier ministre manqua de s'étouffer avec son bourrito, il fut pris d'un fou rire incontrôlable.

-« Je doute que vous assisterez un jour à l'ouverture de mon restaurant. À votre place je ne me bercerais pas d'illusions les français ne vous enverront jamais à Matignon. »

La soirée continua ainsi, elle était bercée par un affrontement bien plus léger que tous les autres affrontements qu'ils avaient connu.
Leur échange s'apparentait à un jeu, comme des enfants de 7 ans qui voulaient avoir le dernier mot.

-« Il est déjà 23h, je ferais mieux de m'en aller. » dit le premier ministre en se levant.

Il fut retenu par la manche
-« Restez s'il vous plaît. Vous pouvez prendre le lit et moi le canapé. » cette requête laissa échapper toute la vulnérabilité de Bardella.

-« Vous êtes sûr ? Je ne veux pas que vous vous réveilliez demain matin et que vous me mettiez un couteau sur la gorge parce que vous me détestez toujours. »

Bardella hocha simplement la tête, un hochement similaire à une supplication. Il avait besoin que quelqu'un reste avec lui, que quelqu'un occupe son esprit. Sinon il allait à nouveau devoir affronter ses démons seul.

-« Mais vous gardez votre lit. Je prendrais le canapé. »

-« Non non j'insiste, je me dois d'accueillir mon invité dignement. »

-« Vous voulez vraiment garder le dernier mot hein, un vrai politicien. Peut-être que vous êtes doué finalement. »

Bardella se contenta de sourire, un sourire sincère, spontané, comme il n'en avait pas eu depuis bien longtemps.

La situation ne pouvait pas être plus ironique, le seul qui arrivait à lui arracher des sourires était celui qu'il s'efforçait à haïr depuis des mois.

Le premier ministre se coucha dans le lit king size de Bardella.
À peine allongé, une odeur imprégna les narines du premier ministre.
Une odeur qui symbolisait à merveille la personne qu'était Bardella.
Une odeur brutale mais douce à la fois, un mélange de menthe et de rose, la brutalité et la douceur.

Attal ne pouvait s'empêcher de sentir cette odeur afin qu'elle reste imprimée en lui, à jamais.

Jordan de son côté ne s'était jamais senti aussi apaisé. Il se sentait en sécurité, protégé de ses peines grâce à la présence de son rival dans la pièce d'à côté.

Pour la première fois depuis des semaines Jordan dormi, d'un sommeil réparateur dont il avait rêvé.
À cet instant précis il réalisa à quel point il avait été stupide, encore une fois de ne pas avoir accepté l'aide d'Attal plus tôt.

« on ne blesse que ceux qu'on aime »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant