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Affection - CAS

Point de vue de Gabriel :

Cela fait 4 jours depuis que Bardella est revenu, 4 jours d'intense malaise et d'angoisse de mon côté.
En effet, il est...différent.
Il ne répond pas à mes attaques, il n'y a plus cette lueur de défi dans ses yeux, son sourire que je voulais tant lui arracher a finalement disparu, et bizarrement cela me déplaît bien plus que cela ne devrait, et la pointe d'arrogance dans sa voix a elle aussi disparu.

Il semble distant, déconnecté de la réalité.
Ses yeux sont de plus en plus marqués par des cernes violacées, sa peau est de plus en plus pâle, ses joues se creusent davantage chaque jour et ses cheveux pourtant d'ordinaire parfaitement coiffés et plaqués sont chaque jour un peu plus en bataille.
Cet homme qui avait pourtant l'air si parfait, semble dépassé par quelque chose de plus fort que lui.

Je l'ai surpris plusieurs fois désorienté, presque titubant, les mains tremblantes.
Je l'ai soupçonné d'être ivre, mais je ne pouvais pas me permettre de porter des accusations aussi graves sans aucun fondement.

Malgré tout j'ai cette boule d'angoisse qui reste logée dans ma gorge chaque jour dès que j'arrive au boulot, une sorte d'appréhension qui me paralyse.
Je suis persuadé que quelque chose se trame, mais je ne sais pas comment m'y prendre.

Mes doutes semblent se confirmer quand je le vois arriver à 7h30 du matin, sa chemise complètement froissée, les boutons du haut défaits, ses yeux gonflés comme si il n'avait pas dormi.
Je le vois se diriger vers son bureau, cherchant désespérément ses clés qu'il ne semble pas trouver.
Je me lève, ne pouvant pas me résoudre à le laisser comme cela, après tout à quoi bon avoir un rival si celui-ci ne représente même plus une menace potable ?

-« Monsieur Bardella, bonjour. »

Pas de réponse, pas un regard, il continue à chercher ses clés partout dans ses poches.
Je m'approche plus de lui, et une forte odeur d'alcool emplie violemment mes narines.

Je lui attrape fermement le poignet et le traîne dans mon bureau avant que quelqu'un d'autre n'assiste à ce désastre.
À peine ma main posée sur son bras, il se dégage de mon emprise violemment, comme si mon touché l'avait brûlé.
Monsieur Bardella, suivez moi s'il vous plaît. Bien que j'apprécie ce spectacle humiliant, vous êtes chaotique, personne ne doit vous voir comme ça. »
Je tire sur sa manche et l'entraîne dans mon bureau, cette fois il ne rechigne pas.

Je referme immédiatement ma porte à clé, et il se dégage à nouveau violemment.
Ne...ne vous avisez plus jamais de me toucher Monsieur Attal, vous me...dégoûtez. »
Il prononce cette phrase comme s'il venait d'apprendre à parler, il a du mal à articuler, il bégaie et son ton n'est absolument pas convaincant.
-« Monsieur Bardella, ne me dites pas que vous êtes venu bourré au travail ? »

-« Qu'est ce que cela peut vous faire ? Nous ne sommes pas amis, je vous méprise plus que tout au monde, et c'est réciproque. Ne gâchez pas votre salive avec votre hypocrisie, il n'y a pas une once de sincérité dans vos intentions. »
Il tente de sortir de la pièce mais la porte est fermée, alors il commence à s'énerver et hausse le ton.
-« Ouvrez moi cette putain de porte Attal, je ne rigole pas, vous n'avez pas envie de me pousser à bout. »

Je refuse catégoriquement de le laisser partir, pas dans cet état là, je ne lui demande pas de se confier, simplement d'admettre qu'il est ivre et de me laisser arranger son apparence.
-« Seulement si vous me permettez de corriger votre aspect, vous avez l'air complètement dépassé.
Regardez votre chemise, vos cheveux, votre visage, reprenez vous Bardella. »

Je m'approche doucement de lui, et tend les bras vers sa chemise, « je peux ? »
Il acquiesce à contre coeur, incapable de fermer les derniers boutons de sa chemise seul, ses gestes trop imprécis à cause de ses mains tremblantes.
Je m'affaire à cette tâche, referme un par un les 3 boutons qui laissaient apparaître la naissance de son torse, j'essaie de lisser du mieux que je peux sa chemise.

Je le conduis dans la salle de bain et je tente de discipliner ses cheveux bruns tant bien que mal avec mes doigts.
Notre proximité me permet d'observer tous les traits de son visage fatigué, de ses cernes marquées à ses lèvres sèches.

Alors que je l'observe d'un œil discret je remarque une larme, une seule qui perle silencieusement sur sa joue.

Il s'empresse de l'essuyer, mais je l'en empêche, presque machinalement, comme un réflexe. Je tends mon pouce, et essuie cette larme de la manière la plus douce possible.
-« Attal, ne me touchez pas. »
Je retire immédiatement ma main, remarquant à la même occasion notre proximité inappropriée.

Je m'écarte, et lui ouvre la porte pour qu'il puisse regagner son bureau, sans un mot, même pas un simple « merci » il quitte la pièce et claque la porte violemment.

« on ne blesse que ceux qu'on aime »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant