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Destroy myself just for you - Montell Fish

Point de vue de Jordan :

Je n'entends plus rien, si ce n'est la porte claquant, synonyme de toute la haine qui émane d'Attal.

Ses paroles ont eu l'effet d'un coup de poignard, et je me déteste d'être si vulnérable, d'être si fragile.

Soudainement, je ne suis plus dans cette pièce mais dans ma maison d'enfance. Ma vision se fait de plus en plus floue, les paroles du premier ministre tournent en boucle dans ma tête « Vous me dégoûtez, tout chez vous m'horripile. »

Il a suffit d'une seule phrase pour détruire la carapace que je m'étais construit, tout ce que j'ai bâti durant des années, cette attitude d'homme fort, sur de lui, arrogant, absolument toutes mes barrières s'effondrent en milles morceaux.

J'ai l'impression d'entendre mon cœur s'effriter dans ma poitrine, ses paroles m'ont donné une impression de déjà vu, comme un disque rayé qui m'a suivi toute ma vie.
Ce n'est plus Gabriel que j'entends dire cela, mais mon beau père, me répétant en boucle que je ne vaux rien, que je le dégoûte, que ma mère aurait du avorter, que je ne suis qu'une vermine et qu'il comprend pourquoi mon père biologique m'a abandonné.

Je revois sa carrure imposante, qui a gâché mon enfance et ma vie.
Toute ma vie je n'ai eu que cette figure paternelle, cet homme qui me méprisait plus que tout au monde, mais auquel je m'accrochais désespérément, désireux d'avoir un « papa » comme tous mes autres camarades, d'être le fils de quelqu'un.

Après tout je n'étais qu'un petit garçon de 7 ans, qui souhaitait être aimé par ses parents.

Peu à peu je redeviens cet enfant faible, dépendant de l'amour des autres, et fragile.
Toute la douleur que j'ai enfoui afin de construire ce nouveau Jordan émerge à la surface et me fouette en plein coeur.

Ma peine est insupportable, je n'ai plus les épaules pour supporter ce fardeau.
Mes mains tremblent, ma jambe tape à répétition contre le sol, j'essaie de faire taire la voix de mon beau père dans ma tête mais en vain.
Je n'entends que ses paroles venimeuses, en boucle, ma vision se trouble de plus en plus, ma respiration est saccadée, les images fusent dans ma tête, ne me laissant aucun répits.
Avec mon peu de force restante j'appelle mon chauffeur, Denis, et lui demande de venir me récupérer.

Je ne suis plus maître de mes émotions, la douleur est lancinante, mon coeur se déchire, s'émiette, et se noircit en même temps.
Et puis je fais ce que je sais faire de mieux quand la douleur est trop forte, je la transforme en haine, une haine que je décide de diriger sur le premier ministre, responsable de ma chute dans cette abysse de souffrance.

Je rejoins la voiture de mon chauffeur et lui indique l'adresse d'un bar. L'alcool est mon refuge, mon havre de paix lorsque mes démons prennent le dessus, lorsque mes plaies deviennent trop importantes et s'infectent de jour en jour.
L'alcool a été mon meilleur ami, mon compagnon fidèle durant mes périodes les plus noires.
Je bois à n'en plus finir dans ce bar, afin de noyer ma douleur, afin d'oublier cette souffrance, afin d'échapper à la torture dont mon esprit est victime, afin de faire taire mes émotions.

« on ne blesse que ceux qu'on aime »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant