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Je te laisserais des mots - Patrick Wilson

Point de vue de Gabriel :

Après ce qui vient de se passer dans mon bureau, je suis plus que déterminé à découvrir ce qu'il se passe.
La larme silencieuse que j'ai vu couler sur sa joue, reflet de son évidente souffrance m'a profondément touché.
Je ne peux pas le laisser sombrer dans cette tristesse, combien même je le déteste.
Il a eu la bonté de m'aider lors de ma crise d'angoisse, je me dois en tant qu'humain de faire de même. Au moins on sera quittes.

***
Il débauche généralement vers 20h, alors j'attends moi aussi, jusqu'à ce qu'il sorte de son bureau.
Je le suis discrètement, ordonnant à mon chauffeur de le suivre.
Aujourd'hui plus que jamais je suis décidé à percer le secret de cet homme. Secret qui semble lui peser lourd, au point où ce politicien à l'apparence d'ordinaire si parfaite se néglige, et vient sous l'emprise de l'alcool sur son lieu de travail.

Nous nous garons sur un parking, et arrivons devant ce qui me paraît être un bar.
Je reste d'abord dans ma voiture pendant que mon rival entre. J'attends 30 minutes, puis une heure me disant qu'il voulait juste boire un verre avec ses copains pour décompresser d'une journée éprouvante.

Il est 22h30, lorsque je me décide enfin à entrer dans ce bar.
À peine j'y mets un pied que les lumières multicolores m'assaillent, le bourdonnement et la musique incessante me percent presque les tympans, la chaleur est insupportable.

L'endroit est bondé, trop sombre pour que j'arrive à discerner celui que je cherche tant.

Je fais le tour du bar 3 fois en vain, l'homme est introuvable, pourtant j'ai gardé un œil attentif toute la soirée, je suis convaincu que je ne l'ai pas vu en sortir.
Je m'assieds sur un tabouret et commande un verre de whisky, réfléchissant à la situation si complexe.
Comment aider quelqu'un qui ne veut pas être aidé ?
Je finis mon verre d'une traite et me dirige dans les toilettes, loin de la foule, des lumières aveuglantes et des musiques fracassantes.

J'entre dans une cabine afin de souffler, d'essayer de réfléchir, quand j'entends des sanglots étouffés dans la cabine d'à côté.
Presque sur qu'il s'agit de mon rival, je sors immédiatement et entre doucement dans la cabine déjà entre ouverte.

J'entre et mon sang se glace à la vue de cette image d'horreur.
Jordan est là, baignant dans ses larmes, des bouteilles d'alcool éparpillées autour de lui, une traînée de poudre blanche répandue sur la cuvette des toilettes.
Mon cœur se serre à la vue de mon rival tombé si bas.
-« Jordan ? » je n'obtiens aucune réponse, l'homme est totalement submergé par les substances qu'il a ingurgité et par sa souffrance.
Je m'accroupis à son niveau, tentant de captiver son regard, mon cœur ayant du mal à supporter la vue de cet homme si brisé.
Les apparences sont trompeuses.

Par je ne sais quelle force je parviens à le soulever et à le remettre sur pied, son corps complètement affalé sur le mien, ses larmes traduisant une souffrance inimaginable.

***
Il est 2h du matin lorsque nous arrivons devant son appartement, Jordan n'a pas cessé de délirer et de pleurer, sans paraître conscient de son environnement. Il n'a pas remarqué que nous étions sortis du bar, et que j'étais à ses côtés.

Je fouille dans ses poches et trouver un trousseau de clés, j'essaie chacune d'entre elles jusqu'à ce que la porte s'ouvre.
La décoration est minimaliste, froide, sombre, dénuée de vie, comme lui à cet instant précis.
Je conduis mon rival dans sa chambre, et je vois des dizaines de bouteilles d'alcool jonchées sur le sol.

Je le couche sur son lit, et lui demande « Je peux ? » même si je sais que je n'obtiendrais aucune réponse de la part de l'homme bien trop défoncé.
Alors j'entreprends de le déshabiller avec douceur, j'enlève sa chemise et son pantalon, le laissant en caleçon.

Puis je le relève et l'entraîne dans la salle de bain, j'arrive à le faire entrer dans sa baignoire difficilement, et je m'adonne à le laver. Je laisse passer le jet d'eau froide sur son visage, faisant disparaître ses larmes et je frotte son corps pour le débarrasser tant bien que mal de cette odeur nauséabonde d'alcool.

Je puise au fin fond de mes forces pour le ressortir de la baignoire, lui enfilant des vêtements propres et confortables.
Je l'amène à nouveau dans son lit, et tient son visage en coupe afin de le forcer à avaler un verre d'eau et un comprimé de Doliprane.
Je le borde, et éteint la lumière lorsque j'entends « Vous êtes mon ange gardien, même si je ne vous connais pas. Restez s'il vous plaît, vous vous occupez si bien que moi. » cet homme paraît terriblement seul.
Je rougis à l'entente de ces paroles avant de reprendre mes esprits, il ne sait pas qui je suis, si il savait il ne m'aurait jamais laissé à ce point empiéter sur sa vie privée et assister à ce moment de désespoir.

« on ne blesse que ceux qu'on aime »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant