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I can't handle change - Roar

À cet instant précis, toutes les barrières que Bardella avait érigé, s'effondrèrent. Il redevint cet enfant autrefois aimé par sa mère.

Il sanglotait à n'en plus pouvoir s'arrêter, les paroles du premier ministre venaient de faire naître lui un nouvel espoir.
C'est comme si il pouvait respirer à nouveau, maintenir la tête à la surface de l'eau grâce à Attal.

Les larmes perlaient sur ses joues, le barrage imaginaire ayant maintenant complètement cédé. Mais cette fois-ci les larmes étaient libératrices, elles n'avaient plus ce goût amer associé à son enfance, elles avaient une saveur sucrée, presque appréciable.

Il se sentait plus léger, pas totalement défait du poids lourd qu'il portait sur ses épaules depuis l'âge de 7 ans. Mais il avait maintenant l'impression que son poids n'était plus uniquement le sien, qu'il le partageait avec son ennemi.

-« Merci. » un seul mot, si simple, si léger mais pourtant si lourd de sens, et de gratitude.
Jamais quelqu'un ne s'était tant soucié de lui. Il avait dû attendre l'âge de 28 ans pour goûter à cette sensation si douce, si agréable.

Attal savait, il savait qu'il avait enfin gagné la première bataille, il savait que ses mots avaient brisé une des chaînes qui oppressait le cœur de Bardella.

-« Je serais là Jordan. »

Il savait aussi que la vraie bataille venait de commencer.

Bardella avait cédé, il avait réussi à rompre une chaîne, mais les centaines d'autres encerclaient son cœur, son corps, son âme. Elles étaient remplies d'épines mais sans la rose, des épines empoissonnées qui le rendaient captif de sa souffrance.

Si Bardella avait accepté de laisser Attal voir à travers lui ce soir là, si il avait accepté de lui ouvrir les portes de son appartement, il n'était pas encore prêt à lui livrer les clés des autres chaînes et le premier ministre le savait.
Il ne comptait pas presser le jeune homme, il prévoyait de l'accompagner, de lui tenir la main tout au long de ce périple.

Attal ne voyait plus Bardella comme son ennemi, la haine qui l'avait longtemps consume avait fini par s'estomper petit à petit, jusqu'à presque disparaître.

À la place était né quelque chose de nouveau, quelque chose sur laquelle Attal était incapable de poser des mots.
Une sorte de tendresse, de sensibilité envers son ancien rival.

Il se voyait dans les yeux de cet homme, quelques années auparavant lorsque lui aussi avait dû faire face à ses démons.
Il se remémorait ses blessures, ses tourments, la haine qui avait pris possession de lui aussi.
Et il se revoyait addict aux anxiolytiques. Une addiction incontrôlable qui représentait à la fois son paradis et sa punition.
II avait été lui. Il le comprenait plus que jamais.

-« Je suis désolé. » prononça Jordan, un murmure presque indiscernable mais qui était pourtant un hurlement, un cri du cœur.

La culpabilité le torturait. La culpabilité de voir qui il était devenu, la culpabilité de ne pas être assez fort pour vaincre les fantômes de son passé, la culpabilité d'avoir cherché la facilité dans les boissons.

Cette culpabilité Attal aussi l'avait connu, il l'avait supporté, et il continuait à la supporter secrètement.

-« Ce n'est pas de votre faute, rien ne l'est. Ne vous excusez pas Bardella. » ces mots étaient les mots que le jeune Gabriel aurait aimé entendre, les mots qu'il avait eu besoin d'entendre.
Tout ce qu'il n'avait pas eu à cette période de sa vie il le donnait maintenant à celui qu'il avait haï pendant des mois.

« on ne blesse que ceux qu'on aime »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant