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Lovely - Billie Eilish

Le temps semble s'arrêter, la tension entre les deux hommes atteint son paroxysme. Les deux personnes sont à bout de souffle, s'adonnant à une joute visuelle.
Bardella est le premier à détourner les yeux, tournant le dos au premier ministre.

Pour Attal c'est déjà une première victoire, l'homme n'ira pas dans ce bar ce soir. Un sourire traduisant tout son soulagement se dessine sur le visage du politicien. Il savoure ce premier succès, malgré le fait qu'il sait que ce ne qu'est le début d'un long chemin parsemé d'embûches. Il n'abandonnera pas ce combat. Encore moins après avoir compris que l'état de son rival est en parti de sa faute.

Il se repasse en boucle ses paroles « Vous me dégoûtez. Tout chez vous m'horripile. » ces phrases qu'il a balancé, auxquelles il n'a jamais plus pensé avaient en réalité été à l'origine de la descente aux enfers de Bardella.
Le poids de la culpabilité lui tombait sur les épaules, il était maintenant sur qu'il était de son devoir d'aider l'homme.

Bardella de son côté, était secoué par les paroles du premier ministre.
Dans sa voiture, il tente de contenir ses larmes, et ses tremblements, luttant contre ses propres pensées le renvoyant à cette période de sa vie.

Il est et restera toujours ce petit garçon faible, malheureux et seul.
Il a grandi en pensant que personne ne pourrait l'aimer un jour, « Tu crois que quelqu'un t'aimera un jour ? Regarde toi, même ton père t'a abandonné, t'es minable. »
« Tu ne vaux rien, si ça ne tenait qu'à moi tu serais déjà mort. »
« Tu n'es qu'un bon à rien, un morveux, bon qu'à chialer dans les jupons de sa maman. Je ne t'aimerais jamais Jordan. »

Toute sa vie, il n'avait souhaité qu'une chose être aimé comme l'étaient ses camarades à l'école. Compter pour quelqu'un, rien qu'un peu. Avoir l'impression qu'on s'intéressait à lui, pour exister.

Ces paroles tournoient en boucle dans son esprit, ne lui laissant aucune seconde de répit, brisant encore un peu plus son âme.
Il était anéanti, seul au monde face à l'horreur.
Il n'était qu'un pion pour Marine Le Pen, un beau visage pour représenter des idées. Il n'avait pas d'amis, plus de famille. Ironique non que le seul qui veuille l'aider soit celui qu'il déteste le plus au monde ?

Jamais il n'accepterait l'aide de son rival, sous aucun prétexte. Toute sa vie il avait été seul, il s'en était sorti seul, il s'est bâti seul. Il n'avait pas besoin de l'aide d'un inconnu.
Jamais. Ca serait l'humiliation de trop.

Son cœur autrefois de pierre était maintenant du verre brisé en milles morceaux, irréparable.
La douleur l'avait englouti, détruisant tout sur son chemin, sa détermination, sa joie de vivre, sa combativité, sa personnalité.

La peine avait tout rasé sur son chemin, seules cette douleur et cette colère qui grondaient en lui le maintenaient en vie.
Il s'y accrochait désespérément, tentant tant bien que mal de donner un sens à son existence misérable.

Arrivé dans son appartement, l'homme se mit à hurler, tout son désespoir, toute sa rage au monde entier. Il rafla tout sur son passage, comme l'avait fait sa douleur avec lui. Il jeta des bouteilles contre le mur, les yeux noyés dans ses larmes.

Son cœur criait lui aussi, un cri sourd, que personne n'entendait et qui était pourtant plus fort que tout.
Il était fatigué, si fatigué de se battre contre lui-même, contre les démons qui l'habitaient.
Il voulait simplement souffler, respirer sans que cela soit douloureux, sourire sans que cela soit interrompu par des pensées négatives. Juste vivre et non plus survivre.

Était-ce trop demander que d'espérer un peu de répit après tout ce qu'il avait traversé ?

« on ne blesse que ceux qu'on aime »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant