SEYDINA YAHYA THIOUNE
Quand l'effet de mon fantasme s'évapora, je pensai aussitôt à Maman Codou. Ce serait plus cohérent en effet de lui annoncer que j'ai épousé sa fille sans sa présence tutélaire.
« On devrait aller l'annoncer à ta mère », dis-je.
Adiouma hocha la tête en signe de consentement.
Sur ce, nous montâmes les escaliers puis nous dirigeâmes vers la chambre de Maman Codou.
Je toquai une fois sur le chambranle, mais personne ne répondit.
Je me résolus alors à entrer avec Adiouma à mes côtés.
Nous trouvâmes la propriétaire de la pièce allongée de tout son long, le regard fixe sur le plafond.Mon cœur manqua un battement alors que je m'avançai vers elle.
Adiouma, sur mes pas, semblait ne pas avoir le même pressentiment que moi.Je l'appelai une fois, puis une deuxième fois, mais elle resta immobile, sans bouger d'un pouce, comme une statuette.
Alerté, je passai ma main tremblante sur son pouls et ne sentis rien.
Elle était raide, vide de vie.Une larme s'échappa de mes yeux tandis que je reculais, dévasté.
Adiouma comprit aussitôt en me voyant pleurer.
Elle se jeta sur le cadavre de sa mère et le secoua tout en éclatant en sanglots.
J'essayai de la séparer d'elle avec beaucoup de mal.
« Ressaisis-toi, Adiouma, ta mère n'est plus », susurrai-je.
Ma phrase la fit tomber des nues, elle s'écroula au sol dans un déni total.
Je m'agenouillai près d'elle et la pris dans mes bras.Elle hurla, s'apitoya, se défoula.
Je la regardais faire, le cœur saignant.
Moi-même, je n'arrivais pas à y croire.
J'avais l'impression d'être victime d'un mauvais songe...*****
Quelques heures plus tard
Adiouma et moi longions les couloirs de l'hôpital Fann, déprimés et perdus, en attendant que les médecins nous communiquent la cause du décès de Maman Codou.
Le cadre empestait l'éther, une aura macabre planait, avec des gens présents, le regard vide et fantomatique, les cris et les pleurs qui jaillissaient de partout et de nulle part.
L'ambiance était sinistre et insoutenable.
Vu comment elle se trémoussait, j'avais forcé Adiouma à s'asseoir sur un banc. Des traces blanches de larmes marquaient ses joues tandis qu'elle restait totalement absente.
Pour la réconforter, je lui caressai le dos et l'embrassai sur le front.
« Je sais que c'est difficile, mais tiens bon, mon amour. »Une demi-heure plus tard, le médecin que nous attendions émergea enfin d'un des dédales de l'hôpital et nous rejoignit à notre place.
« Monsieur et Madame Thioune, nous avons fait les examens nécessaires et nous en sommes arrivés à cette conclusion : Madame Codou est morte d'une crise cardiaque. Vous n'auriez pas une idée de ce qui aurait pu en être la cause ? » nous apprit-il.
« Non. On sait juste qu'elle avait de l'hypertension. Ce matin, elle se portait très bien. J'ai discuté longtemps avec elle, mais je ne sais pas ce qui s'est passé par la suite », répliquai-je.
« Bien. Nous avons préparé les documents nécessaires. Il ne reste plus que quelques petites formalités et vous pourrez récupérer le corps.
Toutes mes condoléances, Monsieur et Madame Thioune, pour cette grande perte », termina le médecin.Je le remerciai avant qu'il ne tourne les talons. « Merci à vous. »
Sur l'heure, mon téléphone se mit à sonner. Je m'éloignai pour répondre.
« (Moi) Allô, Rami. Vous êtes dans quel hôpital ?
- (Rami) À Fann, où es-tu au juste ? Pourquoi n'es-tu toujours pas venu ?
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ADIOUMA, mémoire d'une léssiveuse.
Roman d'amour" j'avais toujours cru que les femmes - références sont celles émancipées que l'on retrouve dans les entreprises, sur les journaux , à la télé , au cinéma. Belles , élégantes , capables de bien rouler les R avec les mimiques qu'il faut pour sédu...