𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟼 : 𝚄𝚗 𝚌𝚘𝚖𝚙𝚛𝚘𝚖𝚒𝚜

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MARIYA

Assise derrière mon bureau, au fond de mon fauteuil en cuir, j'admirais la ville sous la neige. À la tête d'une grande compagnie spécialisée dans la promotion immobilière de luxe, j'avais conquis de nombreux oligarques prêts à dépenser des centaines de millions de dollars pour réaliser leurs caprices. Une femme d'affaires comblée, je savourais le succès dans ce que j'avais entrepris. PDG d'une entreprise avec de grandes équipes travaillant sans relâche pour faire fructifier le business.

Cependant, par moments, je devais avouer que j'aurais fait une belle carrière dans le juridique. Diplômée d'une grande académie de droit à Genève, j'avais rêvé d'être à la tête du Conseil fédéral de mon pays, mais j'ai dû renoncer lorsque je me suis installée à Moscou.

J'aimais la Russie, je m'y sentais chez moi malgré les difficultés d'intégration. Au début, sans repères ni amis, j'ai rapidement ressenti le rejet de la société moscovite, qui me faisait comprendre que je n'étais pas la bienvenue. Mais c'était avant que je ne rencontre Olga et Vikkie, mes deux seules amies qui m'ont fait sentir chez moi.

Un rapide coup d'œil à ma Rolex indiquait bientôt dix heures. Des réunions étaient prévues pour treize heures.

Je pivotai dans mon fauteuil lorsqu'on toqua à ma porte. C'était Olga, la directrice. Elle arborait une expression étrange, et je savais que cela n'annonçait rien de bon. Dans une robe ajustée à la taille et des talons aiguilles qui lui donnaient quelques centimètres supplémentaires, elle referma la porte.

—"Il y a quelqu'un qui veut te voir. Si tu ne veux pas, je peux lui dire de partir", proposa-t-elle en tentant de me persuader.

—"Qui est-ce ?", demandai-je intriguée.

—"Sergueï Ivankov."

   Je me levai d'un bond à l'entente de son nom, les mains sur le bureau pour me soutenir. Je ne comprenais pas ce qu'il me voulait encore, sachant qu'hier j'avais failli prendre une balle perdue à cause de lui.

Olga n'avait pas besoin qu'on lui explique qui était Sergeï Ivankov ; dans cette ville, tout le monde le connaissait. Malgré son amitié avec Nikolaï, je ne pouvais pas me forcer à l'apprécier. Mon instinct me disait de me méfier de lui ; il traînait une aura sombre, une menace latente émanait de lui.

—"Dis-lui de monter,"ordonnai-je à mon amie."Je suis curieuse de connaître le motif de sa visite."

Je faisais les cent pas dans mon bureau, les mains sur les hanches, mes talons résonnant sur le sol parfaitement ciré, redoutant l'instant où il entrerait. Lorsqu'il franchit finalement la porte, il prit place sur le fauteuil en face de mon bureau.

Il inspecta les lieux avec une expression d'approbation, décorés avec goût sans en faire trop. Mais ce n'était pas le sujet. La seule chose qui m'importait, c'était de comprendre comment cet homme avait pu s'immiscer dans ma vie.

Nous n'avions jamais été si proches, encore moins eu de profondes discussions. Récemment, il devenait plus intrusif. Depuis la cérémonie d'Irina, il tentait de me rallier à sa cause.

—"Que veux-tu ? Attends, ne dis rien. Tu as des excuses ?,"lançai-je en prenant place dans mon siège.

Il me scruta comme si j'avais insulté sa personne, mais honnêtement, je m'en fichais. Il l'avait cherché ; il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.

Je tapotai mes doigts parfaitement manucurés en noir, contre mon bureau, ce qui avait tendance à l'agacer légèrement.

—"J'ai besoin d'un service. Après tout, tu me dois bien ça,"commença-t-il en me regardant droit dans les yeux.

MARIYA : De l'ambition à l'obscurité. ( En cours )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant