Chapitre 21 : Eden

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Dès que je l'avais vue apparaître à mes côtés, sublime dans sa jupe plissée, les mots de Taylor avait résonnés à mes oreilles. « Tu ne lui as même pas laissé la possibilité de décider. Peut-être qu'elle aurait choisi de faire face à tes côtés ». Une boule de culpabilité s'était à nouveau formée dans ma gorge et j'avais ressenti le besoin de m'éloigner. Que pouvais-je bien lui dire de toute façon ? On ne pouvait pas changer ce qui était fait.

C'est ainsi que je m'étais retrouvée aux prises de nombreuses discussions toutes plus ennuyeuses les unes que les autres, invitées à danser par diverses homologues et concurrents. Si j'avais tenté de surveiller mon équipe du coin de l'œil, j'avais rapidement perdu la rousse de vue. En revanche, je n'avais pas été étonnée d'apercevoir Carla sympathiser avec diverses représentants de grandes marques de vêtements. Elle avait toujours été très à l'aise pour se constituer et entretenir un réseau et c'était précisément pour ça que je les avais amenés avec moi. Jules la suivait en souriant et répondant vaguement aux questions. Il n'avait jamais eu un caractère de meneur. Ça ne m'étonnait donc pas vraiment de le voir suivre les traces de sa collègue sans prendre d'initiatives.

Alors que je tendais le cou pour tenter d'apercevoir la chevelure de feu d'Alix parmi la foule, quelqu'un me percuta, manquant de me faire renverser mon jus d'orange.

­— Non mais vous pouvez pas...

Ma phrase mourut quand je découvris Diane face à moi. Ses yeux étaient meurtriers et son sourire suffisant me fit douter du caractère accidentel de son mouvement.

— Bonjour Eden.

Sa voix était froide et elle me jaugeait. Je restai de marbre, pas le moins du monde impressionnée.

— Diane, fis-je simplement.

— Oh, madame Sullivan ! Je me disais bien que je ne voulais pas encore vue, s'enthousiasma l'homme avec qui je discutais depuis maintenant une vingtaine de minutes sans parvenir à le faire taire.

Il était intarissable et je n'avais pas réussi à le fuir.

— Oh monsieur Dupont, pouvez-vous nous laisser, Madame Castel et moi, s'il vous plaît ? roucoula Diane avec son sourire hypocrite. Vous comprenez, entre anciennes collègues, nous avons beaucoup de choses à nous dire.

Collègues... Mais bien sûr.

J'eus envie de lever les yeux au ciel mais me retint. Je ne pouvais pas avoir ce type de réaction en public. Je me contentai alors d'imiter le faux sourire de mon ancienne employée et les lèvres de notre interlocuteur se réhaussèrent en un sourire ridé. Il acquiesça et s'éloigna doucement, nous laissant nous jauger du regard.

— À ce que j'ai pu voir, la petite nouvelle a gardé sa place, commença-t-elle en ricanant.

Je plissai les yeux cherchant où elle voulait en venir.

— Oh, je t'en prie, Eden. Ne fais pas semblant de ne pas savoir de quoi je parle. Tu n'as jamais donné de seconde chance à un employé qui quittait ton bureau avec un carton rempli de ses affaires.

Elle jeta un coup d'œil à sa gauche et je suivis son regard pour tomber sur ma rousse qui riait en parlant à quelqu'un qui ne m'était pas visible.

— Je comprends mieux pourquoi désormais, se moqua Diane en haussant les sourcils. Tout le monde ici sait pourquoi. Heureusement que cet univers est bourré d'hypocrites comme toi qui seront ravie de l'embaucher pour son joli petit cul quand t'en auras fini avec elle.

Mon sang ne fit qu'un tour.

— Arrête de...

— Non, non. Ne te justifie pas. Je comprends. Tu préfères la jeunesse et la beauté plutôt que le sérieux et le talent. C'est un choix, après tout. Pas certaine que ça fonctionne sur le long terme pour ta boîte mais enfin bon. Ce n'est plus mon problème après tout.

Eden & DentelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant